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Raid Persia J 19

Avant-hier, la journée a été très belle.

Elle a commencé avec la visite de Persépolis, à 80 kms de Shiraz. Il y a pire dans la vie non ?

Même un peu écrasé de soleil dès le milieu de la matinée, Persépolis est une merveille et nous a émerveillés. En imaginant les immenses chevaux de pierre à leur emplacement d’origine en haut de 2 colonnes monumentales, Henri s’est cru dans un épisode de Game of Throne… (la musique dramatisante qui sonorise le site y contribuait un peu).

Partout, des pierres vieilles de plus de 2500 ans, un peu restaurées sans doute par endroits, mais toujours émouvantes et chargées d’histoire. Des milliers de personnages à longue barbe et des scènes de chasse sculptés le long d’immenses frises, des colonnes, des griffons et des taureaux géants de pierre, des tombeaux creusés dans la falaise, et surtout, des noms qui réveillent notre enfance scolaire et rêveuse (la mienne en tous cas…) : Darius, Xerxès, Ataxerxès, Alexandre le Grand (le méchant de l’histoire, car celui qui a détruit Persépolis) …

Elle s’est poursuivie avec une longue et magnifique piste qui nous a occupés tout l’après-midi et conduits jusqu’au bivouac. Pas de patineur dans un oued à sec, gymkhana sur un étroit et tortueux chemin plein de trous et de bosses au milieu d’une végétation dense de gros buissons épineux (Henri est d’ailleurs allé tutoyer un de ces buissons lors d’une brève mais intense sortie de piste), suivis d’une vraie belle promenade de santé sur des pistes plus douces et apaisées, offrant une vue imprenable sur des massifs lointains et une plaine en patchwork de champs cultivés.

Promenade de santé, c’est vite dit ! Pas pour tout le monde en tous cas. Le hors-piste n’a pas réussi à Jacquot, qui a crevé 2 fois. Et Jean-Luc a cassé ses goujons de roue (et pas que cela paraît-il…). Je ne savais pas qu’il y avait du goujon dans les roues !

Bivouac dans un site superbe, au bord d’un ruisseau (où coulait un minuscule filet d’eau). Après 2 soirs de jeûne à Shiraz, le rosé, lui, a coulé à flots et la soirée s’est terminée sur les rythmes endiablés d’une sono déchaînée. C’est la première fois que je fais une vaisselle de bivouac en dansant !!!

Hier, nous sommes arrivés à Esfahan. Vous ne connaissez ps cette ville? Pourtant si... "Paris est aussi grand qu'Ispahan" disait Montaigne dans ses Lettres Persanes, si je me souviens bien... Sans doute plus maintenant, mais les iraniens ne savent pas prononcer le P et Ispahan se dit ici Esfahan.

Nous avons eu le temps de découvrir la grand place rebaptisée Imam Khomeini, une pure merveille de dimensions, d'équilibre et de style, avec ses maisons basses surmontées de 2 très belles mosquées, la bleue et la beige, en son centre des jardins, des bassins et des jets d'eau, et partout, de la vie. Ici les iraniens, qu'ils y habitent ou qu'ils y viennent en touristes (et il y en a beaucoup en ce vendredi soir, jour de week-end pour eux) déambulent, piquent-niquent sur les pelouses, font des tours de calèches, mangent des glaces (mmmmh, le glace au safran...), bref, profitent de la vie.

C'est d'ailleurs étonnant de voir tous ces couples qui se tiennent par la main, ou, mieux encore, le soir tombé, sur un des ponts classés de la ville, ces jeunes qui se cherchent, se trouvent, se draguent, y compris entre partenaires du même sexe. L'Iran est vraiment un pays très paradoxal et qui oscille entre intégrisme et vie sociale moderne.

Bon, j'en termine là pour aujourd'hui. Il est temps de partir visiter Esfahan.

A suivre!

Petites histoires du raid

On aime…

… Les petits matins musicaux au bivouac. Rien de tel qu’un petit déjeuner dans un décor grandiose en compagnie de Piaf chantant « Non rien de rien, non, je ne regrette rien ! » ou transportés par Pavarotti qui entonne « La donna e mobile ».

On aime moins…

… les queues aux stations-service dans les odeurs de gazole. Chaque jour, Ali nous indique LA station dans laquelle peut s’opérer le ravitaillement. Pourquoi une en particulier ? J’explique ce que j’ai mis longtemps à comprendre. Le prix du carburant que payent les étrangers est le double de celui des iraniens (ce qui reste tout de même assez raisonnable à 15 cents d’euro le litre de gazole et 25 pour l’essence). Il faut une rentrer une carte spéciale dans la pompe pour qu’elle affiche le prix « touriste » et les stations n’en ont généralement qu’une. Celles choisies en ont plusieurs, ce qui nous permet d’utiliser plusieurs pompes simultanément. Donc, avantage pour nous qui sommes nombreux. Mais comme nous allons tous à la même station, l’avantage s’annule si nous arrivons groupés. Et nous faisons la queue (CQFD).

On pleure…

… en traversant chaque ville, chaque village, qui égrène le long de chaque grande artère les portraits colorisés de tous ses martyrs de la guerre Iran Irak. Tous ces morts, jeunes et beaux, c’est plombant ! Et on finit par confondre les innombrables silhouettes de femmes en tchador avec d’innombrables silhouettes de femmes en deuil.

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