Départ de Téhéran, où nous n’avons passé qu’une nuit, pour Yazd, aux portes du désert, et une étape de liaison de 630 kms d’autoroute. Bonne nouvelle : nous sommes vendredi, donc jour de week-end. Hier, l’entrée dans la ville était moins pénible que prévu, car les Téhéranais la quittaient pour partir vers la mer Caspienne ou la montagne. Ce matin, en sortir est un vrai velours…
En attendant de visiter Yazd à fond demain, que diriez-vous d’un aperçu de notre vie quotidienne en raid ?
On bichonne nos voitures, qui ont tendance à se négliger à force de faire secouer sur des pistes poussiéreuses. Alors forcément, on passe du temps dans les stations-service, dans les stations de vidange et dans les stations de lavage (dans une des dernières, le karcher servait aussi à laver des tapis persans…).
On fait des photos et on se fait photographier (et même filmer, comme cet après-midi, par le chauffeur d’une voiture, qui tenait son volant d’une main et son portable de l’autre et roulait à notre hauteur en zigzagant un peu).
Un vrai sport, la photo, surtout depuis la voiture sur une piste chaotique, quand votre chauffeur refuse de s’arrêter : 9 chances sur 10 d’attraper un bout de retro, d’antenne VHF ou de portière dans le champ… Pourtant les portraits « à la portière » des iraniens sont fréquents. Hommes ou femmes, ils se laissent volontiers prendre en close contact. Pas besoin de voler des images ici, et c’est tant mieux !!! Voici d’ailleurs un choix de visages, comme ça, pour le plaisir. C’est cadeau !!!
On mange aussi, en pique-nique, au restau et en bivouac. Beaucoup de kébabs d’agneau et de poulet, mais aussi des truites, car chaque rivière ou presque abrite des élevages de poissons, vendus ensuite vivants dans des petits bassins par les restaurants des bords de route. Le tout agrémenté de yaourts à l’échalote, d’olives marinées dans une sauce un peu sucrée, de pickles et d’aulx très vinaigrés. Les légumes ne manquent pas, tomates, courgettes, aubergines, concombres, carottes, navets, pommes de terre, oignons, ail, … Les fruits non plus, raisin, clémentines, citrons, pêches, bananes, kakis, grenades (des vergers entiers), figues vertes (mmmmmmh!) …
Le pain est plus difficile à trouver et encore plus difficile à conserver, car il sèche vite. Il y en a de plusieurs sortes, depuis la feuille de papier à cigarette jusqu’à la galette ronde ou ovale et plutôt épaisse, que les femmes achètent par dizaine, en passant par une sorte de chappattis indien. Délicieux et croquant quand il sort bien chaud du four, il ressemble assez vite à un bout de carton, d’autant qu’il n’est pas salé du tout.
Puisque nous parlons de quotidien, parlons de la religion, très présente, surtout un vendredi. Nous sommes dans le mois du deuil (mourning), et la semaine qui vient sera en partie fériée, en souvenir du massacre du 3ème Imam Hosseyn en 713, figure emblématique du martyre pour les chiites. En plus des portraits des imams actuels et de l’incontournable Khomeiny, placardés à chaque carrefour 365 jours sur 365, il flotte partout des drapeaux noirs avec des inscriptions en farsi et les cérémonies de commémoration sont légion, réunissant des participants habillés de noir et vert. A la station-service où nous nous ravitaillons aujourd’hui, un grand écran diffuse des images saisissantes de femmes en pleurs brandissant leurs bébés habillés de vert qui ouvrent de grands yeux étonnés. A la sortie du péage, des hommes appliquent des inscriptions religieuses au pochoir sur la lunette arrière des voitures.
En revanche, les mosquées sont beaucoup moins présentes qu’en Turquie. Et je ne crois pas avoir entendu une seule fois le muezzin depuis notre arrivée en Iran. L’appel à la prière ne se ferait-il pas en pays chiite ?
Plus trivial, payer dans ce pays est toujours un poème… surtout quand on est nombreux ! l’iranien est peut-être un poète, mais il n’a certainement pas la bosse des maths ! Les restaurateurs notamment ne trouvent jamais leur compte et quand 7 couples donnent chacun 300.000 rials pour 2 menus à 130.000 rials pièce, le caissier est capable de retaper 7 fois 300.000 – 260.000 pour calculer ce qu’il doit rendre comme monnaie. Et à la fin, il soutient mordicus que seules 13 personnes ont payé. D’autres iraniens anglophones appelés à la rescousse y perdent à leur tour leur persan…
Allez, j’arrête de dire du mal de ce beau pays.
Un petit moment de tourisme pour terminer ce blog du soir et cette journée. Grâce à Jean et Hélène, le seul des 3 équipages Land Rover qui nous accompagnera dans le désert du Lut, nous avons fait un petit détour en fin de journée par Meybod, à 60 kms de Yazd. Et passé les plus belles heures de lumière dans les vestiges en pisé d’une citadelle préislamique et d'un ancien caravansérail. Absolument magique !
Demain, nous nous régalons de Yazd, ancienne étape des routes caravanières qui reliaient l’Iran, l’Inde et l’Irak.
Bonne nuit… et à demain soir.