Matin gris à Agri. Il pleut ! Pas de doute, nous sommes vraiment sur le chemin du retour… D’ailleurs, 50 kms plus loin, dans la traversée d’une chaîne montagneuse qui nous monte un peu au-dessus de 2000 mètres, il neige !!!!!!!!!! Eh oui, ce qui ressemble à un pare-brise sale sur cette photo, c’est de la neige qui tombe…
Et voilà que Titine fait encore des siennes : 2 voyants (ABS et frein à main) allumés, un tableau d’information qui ne donne plus la température extérieure, le réglage électrique du siège d’Henri qui ne fonctionne plus. Et quand je veux faire une photo par la portière, ma vitre à commande électrique qui ne se baisse plus. Tout se barrerait-il en sucette? Quelque chose me dit qu’il y a un problème électrique dans cette voiture… N’aimerait-elle pas la pluie et la neige ?
Dans le doute, nous décidons de faire un crochet par la zone industrielle d'Erzorum, une grande ville que nous devions contourner, pour trouver le concessionnaire Toyota du coin. Nous sommes reçus tout de suite dans cette concession dernier cri, aussitôt diagnostiqués (un bête problème de fusible) et réparés (tout est rentré dans l'ordre). Une heure et quelques de perdue. Mais nous voilà rassurés (je ne devrais pas écrire des choses comme ça, généralement, on retombe en panne juste après, ce qui s'est d'ailleurs avéré puisque le fusible a re-sauté une demi-heure plus tard!). Et nos 3 équipages amis ne nous ont pas lâchés d'une roue. Ca aussi, c'est rassurant. Et je comprends que c'est l'esprit du raid : ne jamais rouler seul et ne jamais laisser ses compagnons de route sous face à un problème!
C'est donc reparti pour Giresun, notre étape du soir au bord de la Mer Noire.
La route est souvent très belle, surtout pendant la traversée des massifs montagneux. En haut des rochers découpés en pics, une forteresse résiste. Nous avons juste le temps de la voir en levant la tête avant le virage suivant... Les vallées, elles, hésitant encore entre été et automne mais la rouille gagne. Et l'association des couleurs est un vrai bonheur pour les yeux. D'autant que le soleil est revenu, d'abord timidement, puis franchement au fur et à mesure de l'après-midi. Une rivière coule au pied des peupliers. Décidément, c'est un arbre qui apprécie ces contrées...
Nous retrouvons les mosquées turques avec leurs minarets simple ou jumeaux, en forme de fusées à 2 (et parfois 3) étages archi pointus et pointés vers le ciel (le moindre village a son Cap Canaveral ici...). La moitié environ des femmes sont voilées. Les niqab sont rarissimes. Les villes (Baybourt, Gümüshane...) sont belles et semblent assez neuves et opulentes, avec de grands immeubles plutôt réussis. L'armée est toujours présente mais il y a moins de véhicules blindés et plus de Land Rovers par ici. Il y a tout de même encore des villages dans leur jus, peuplés de vieilles courbées en fichu, de vieux en costume et d'écureuils croquant des noisettes (si si!), comme ce hameau près d'un lac de retenue.
Comme en Iran, les infrastructures et le réseau routiers turcs sont très développés et en permanente amélioration. Partout des travaux, des ponts ou des tunnels en construction, des portions de route juste refaites ou en passe de l'être... Les budgets doivent être énormes... Indépendamment des questions politiques, on peut se demander si la Turquie est encore intéressée par une entrée dans l'Europe...
Avec tout ça, nous allons encore arriver tard à l'hôtel. Réussirons-nous à voir la Mer Noire avant la nuit??? Eh oui, mais plus de lumière suffisante pour des photos. De toutes façons, nous ne pouvons plus ouvrir les vitres...
Donc ce sera pour demain. Une petite photo quand même?
Henri a changé son fusible (enfin, celui de la voiture...) et nous ne brancherons plus la prise allume cigare présumée coupable...
Moi aussi, j'ai les fusibles fatigués ce soir : après presque une semaine d'abstinence, nous avons renoué avec le vin, car J. offrait un apéro en l'honneur du soutien de tous lors de ses aventures renversantes dans les dunes du Lut.
C'était donc juste un petit blog de liaison... et il faudra vous en contenter.
A suivre...