Nous quittons ce matin très tôt Ende pour Tambolaka, à l’ouest de Sumba. L’avion survole des volcans mais nous n’en trouverons aucun à Sumba, une île beaucoup plus tranquille.
Accueillis par la pluie, par Dani notre guide et notre chauffeur Johnny.
Direction Pero où nous allons passer notre première nuit…
Clouée à l’hôtel, précisément dans un endroit où personne ne peut aller à ma place, je donne la parole à Michèle, aux deux hommes de nos vie et aux photos pour raconter les 2 villages traditionnels de l’après-midi, Wainyapu et Ratenggaro.
« Le premier est plutôt authentique mais un peu décati… Une poutre est même tombée à grand fracas ! » « Cela coûte tellement cher en cérémonies et en animaux sacrifiés, qu’ils n’y arrivent plus… » « A ce train-là, il ne restera plus grand chose débout dans 20 ans… »
Et pourtant, les maisons sont belles, construites autour de 4 piliers centraux souvent sculptés, qui délimitent la cuisine. Et avec leurs toits qui s’envolent vers le ciel : c’est l’étage des esprits qui commence au-dessus de la grosse rondelle supérieure des piliers. Le sous-sol est l’étage des animaux, les cochons surtout. Et au milieu, l’étage des hommes ou plutôt des femmes dans la journée. Les hommes fument et mâchent le bétel) sur l’avancée. Les enfants y jouent
Et certaines femmes y tissent des ikats.
Les tombes en pierre sont omniprésentes. Autrefois, elles étaient d’une seule pièce et on posait la lourde pierre dessus une fois le mort installé. Aujourd’hui, la tombe est construite avec la pierre, et on pratique une ouverture sur le côté que l’on referme une fois le mort installé, toujours en position fœtale. Les tombes sont généralement disposées autour d’un espace de cérémonie pour chaque clan. Pour connaître le nombre de clans dans un village, il suffit donc de compter le nombre d’espaces de cérémonies.
« L’autre village est situé de l’autre côté de la rivière. Mais pour l’atteindre, il faut remonter assez loin pour trouver un pont. Il s’appelle Ratenggaro : rateng pour tombe et garo pour peuple vaincu… En fait, ce village est construit sur des tombes renfermant les têtes de ce peuple vaincu… Ambiance !!! »
C’est beau quand même non ???
On y travaille le bois. Et Henri y achète un magnifique couteau au manche sculpté d’un oiseau et d’un crocodile.
Beau coucher de soleil le soir sur la mer en face de l’hôtel Pero. Des hommes Coupent un énorme tronc. Peut-être pour faire un pilier??? Des dizaines de personnes semblent ramasser des coquillages. Lesquels ? Mystère… Personne ne parle anglais par ici…
A suivre... tout de suite!
Sumba J2
En route pour Lamboya et son Nautil Resort Hotel (et surtout sa Pasola dans 2 jours…).
Le programme va s’imposer à nous, car …le jeudi à Sumba, c’est jour d’enterrements ! La preuve, nous en croisons au moins 4 ou 5.
Le premier nous est signalé par des percussions, des cris, et des costumes colorés. Mais aussi des animaux déguisés en sapins de Noël : un cheval, des buffles… Une procession se met en route que nous suivons jusqu’au lieu de la cérémonie. Mais nous n’entrons pas encore. Car sur la route arrivent des groupes d’homes déchaînés qui se font face, machette à la main, dans des simulacres de combats. Derrière chaque groupe, d’autres hommes tirent par les naseaux des buffles aux cornes décorées de rands rubans colorés, jaunes, rouge, bleu…
L’excitation monte, mais il ne se passera rien maintenant et nous rejoignons l’ensemble des invités. Même si nous n’appartenons pas au clan (un clan immense car il y a là au moins 500 personnes), nous sommes chaleureusement accueillis. C’est le patriarche qui est mort à 89 ans, laissant 8 enfants vivants, 20 petits enfants et l’histoire ne dit pas combien de petits-enfants.
Nous saluons les enfants « à la sumbanaise », lèvres pincées et en se frottant le nez. Certains proches s’enlacent avec émotion.
Puis nous avons le droit d’aller saluer le défunt, moyennant une offrande en roupies indonésiennes. Une petite cousine ou nièce ou… (ici on se marie entre cousin au 1er, 2ème et 3ème degré), nous sert de chaperon et nous emmène nous restaurer au buffet. Tous, petits et grands, jeunes et vieux, mangent à volonté et papotent gaiement. Mais nous finissons par nus éclipser car il risque fort de ne rien se passer pendant plusieurs heures.
Quelques kilomètres et un village plus loin, la chance nous sourit, enfin, si on peut dire…
La cérémonie devant laquelle nous nous arrêtons semble plus avancée. Les sacrifices de buffles ne devraient pas tarder… Ne donnez pas l’adresse de ce blog à BB, elle pourrait lancer une fatwa sur moi. D’ailleurs, âmes sensibles, passez directement à la suite !
Ne comptez pas trop sur moi pour vous raconter, vous parler des hommes surexcités qui tirent les buffles en hurlant, cherchent à les faire tomber dans la pente, et crient de plus belle lorsque le premier coup de couteau est donné. Je ne vous parlerai pas du sang qui coule à flot de la jugulaire et du buffle qui bouge encore en agonisant tant que le buffle suivant n’est pas à son tour égorgé littéralement dessus. Je ne vous parlerai pas des rubans jaunes devenus rouge vif ni de l’odeur douceâtre du sang chaud. Nous sommes partis au 6ème ou au 7ème …
… Et nous sommes arrivés dans ce havre de paix qu’est le Sumba Resort.
A suivre pour la préparation de la Pasola et la Pasola elle-même, mais quand ??? Les voies de la wifi sont impénétrables…