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Sumba J3

Demain, c’est la Pasola de Lamboya. Si nous avons de la chance, nous devrions pouvoir accéder au club fermé des préparatifs.

Il fait beau. Les pluies matinales ont lavé le ciel...

Le tuyau que nous avions (un chef de village introuvable et de toute façon plus en fonctions…) était crevé… Mais la chance nous sourit. Car c’est là qu’entre en scène notre bonne fée Yuliana. Yuliana est la seule mais très réputée femme guide de l’île. Et elle croise notre chemin avec son oncle et son client, un scientifique japonais Takuro. Elle nous apprend que tout commence à Sodan, un petit village où elle se rend justement. Leur voiture s’apprête à traverser la rivière, ce que notre chauffeur hésitait à faire. Or nous avons exactement la même voiture et nous leur suçons la roue (c’est le cas de le dire).

Nous grimpons ensuite à pied jusqu’au village dont beaucoup de maisons ont brûlé en 2016, jusqu’à la uma (maison) du rato (prêtre ou chaman) , un beau jeune vieillard de 70 ans dont j'ai oublié le nom. Arrivés à midi, nous n’en repartirons que vers 17h…

Entre temps, nous vivons à la sumbanaise c’est-à-dire qu’il ne se passe pas grand-chose. Longues discussions avec Yuliana, Takuro, qui parle bien indonésien, et le rato, pas très bavard, lui… Petite collation de ketupac – du riz cuit conservé à l’étouffé dans de tout petits sacs de feuilles de palmes tressées serré et soigneusement fermés qui servent habituellement pour transporter la nourriture en déplacement. Le riz est parfois agrémenté de gras et de couenne de porc, que nous mangerons un peu plus tard nous aussi.

6 ou 7 autres ratos nous rejoignent et tout ce petit monde, plus Henri, Georges et Takuro monte un peu plus haut faire une cérémonie pour les esprits auxquels ils offrent notamment des noix de bétel. Pour l'occasion, ils sortent le tambour en peau humaine (si, si!), soigneusement caché en temps normal. Cérémonie interdite aux femmes… Je n’ai pas très bien compris pourquoi, une question de risque d’infertilité, je crois. Si c’est pour notre fertilité qu’ils s’inquiètent, il y a prescription…

Encore un peu plus tard, vêtus de leurs plus beaux ikats et la tête ceinte d’une magnifique coiffe rouge, ils s’apprêtent à descendre en procession vers la mer, où ils passeront la nuit en cérémonies de préparation de la Pasola, suivis d'une ribambelle d'enfants, dont le nombre grossira au cous de la descente. Nous leur emboîtons le pas, d’abord à pied par le chemin (eux sont descendus tout droit dans la pente…), puis en voiture.

Arrivés à un grand pont, nous les attendons, car leur descente de la colline va se poursuivre le long de la rivière. Henri et Takuro nous abandonnent pour les rejoindre.

Nous les retrouverons à la plage. Ils y arrivent une bonne heure plus tard, un peu épuisés par le rythme des ratos et surtout les chemins glissants qu’ils ont dû emprunter entre rizières et rivière… Par chance, la procession comporte des stations où les ratos trouvent des noix de coco et peuvent faire de petites cérémonies à l'abri ou presque des regards... Un peu plus loin, un animal mythique sort d'entre les fours : c'est le cheval Niale de Sodan, le seul qui aura le droit d'ouvrir les joutes sur la plage demain matin...

Nos amis sont heureux car les voilà – presque – devenus initiés ! sont d’ailleurs les seuls à pouvoir les accompagner jusqu’à l’endroit où ils vont passer la nuit avec les esprits. Les cérémonies doivent rester secrètes à part celle où avant de se baigner dans la mer pour aller chercher les nyales (keskecé ? un peu de patience…), ils devront attendre que la lune sorte puis s’en séparer en lui jetant des poignées de noix de bétel.

Le nyale est un ver marin dont l’arrivée sur les côtes signale, avec la pleine lune, le début de la Pasola, qui, elle-même est la fête donnée aux esprits pour garantir de bonnes moissons. Il semblerait que quand les prêtres trouvent des nyales, c’est une bonne chose car cela signifie que les pluies vont continuer et que les récoltes seront abondantes. Et quand ils n’en trouvent pas, ce qui est le cas cette fois, ce n’est pas mal non plus, car cela annonce la fin de la saison des pluies et les semailles vont pouvoir commencer… (au fait, cela fait maintenant 3 jours qu’il ne pleut plus…).

Et voilà… Demain, nous aurons tous le droit d’aller rejoindre les ratos pendant que la foule attendra derrière des barrages policiers. Car nous, nous sommes venus de Sodan !!!

A suivre !

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