top of page

Sumba J4

Nous sommes dès 6 heures à la plage. Pas question que la Pasola se fasse sans nous…

En fait, à Sumba, on a tout son temps, quand on dit 6 heures, c’est aux alentours de 6/8 heures et, d’ailleurs, il ne se passe rien avant 8 heures bien sonnées…

Nous tuons le temps en regardant les ratos se préparer mollement au fil des cigarettes qu’ils nous taxent. Et les enfants qui jouent dans leur arbre et fument aussi pour certains… En assistant également au traitement infligé à notre ami Takuro qui a les intestins à l'envers. Le gars baraqué qui est un boxeur chaman (ça ne s'invente pas...) lui crache son bétel mélangé à de l'ail sur le nombril. Encore une pincée de tabac et tout devrait se remettre à l'endroit : cela s'appelle le siripinan...

Entre temps, d’autres touristes nous ont rejoints, ce qui a fini par faire venir les forces de l’ordre. Qui essaient de nous déloger… Certains partent effectivement mais beaucoup restent.

En fait, tout ce petit monde attend l’arrivée du cheval nyale, sans qui rien ne peut se passer sur cette plage. Les nombreux chevaux qui arrivent en galopant depuis le fond de l’anse doivent s’arrêter et rebrousser chemin…

Enfin, le voilà, sorti de nulle part, mais c’est bien lui. La Pasola rituelle de la plage va pouvoir commencer…

Elle est intense et magnifique, à vous donner le frisson. Les cavaliers galopent les uns vers les autres et lancent leurs javelots de bambou puis font faire demi-tour à leur cheval et repartent au galop avant de revenir encore et encore. La virtuosité de ces cavaliers sur leur monture et dans l’exercice du lancer est impressionnante. Malheureusement, au bout de quelques passes, ils finissent par s’éloigner et ne reviennent pas… Ce n’était que la Pasola rituelle de lancement et elle ne dure qu’une dizaine de minutes. Pour la vraie, il faudra aller sur le grand champ prévu à cet effet à l’intérieur des terres à partir de 10 heures.

Un monde !!! On dirait que tout Sumba s’est donné rendez-vous, ses bus, ses voitures, ses motos… Tout ça forme un gigantesque embouteillage que nous réussissons à franchir pour rejoindre le champ où des clameurs saluent les prouesses des cavaliers. Une place en hauteur et à l’ombre s’impose. En plus, il ne fait pas bon rester près de l’arène car de temps en temps, une frénésie s’empare des cavaliers et ils foncent littéralement sur la foule. Nous accédons finalement à la tribune où on nous fait de la place et nous nous retrouvons assis juste devant les officiels. Le gouverneur de la province, la vice-ministre du tourisme et que sais-je encore ?

Pas très facile de suivre le jeu…. Il y a 2 camps, 2 villages face à face qui s’opposent. Chaque fois qu’un cavalier touche avec sa lance un autre cavalier ou son cheval, son camp trépigne, saute en l’air de joie, brandit les lances, bref, exulte… Les chevaux surgissent de partout, derrière, sur les côtés, les lances volent, font mouche… ou pas. Des jeunes au milieu des chevaux les ramassent et les rendent aux cavaliers. Je n’aimerais pas être à leur place…

Soudain, un cavalier tombe et reste au sol. Il s’est peut-être cassé quelque chose. Le camp adverse hurle de joie… et tout part en vrille !

C’est d’abord la foule des spectateurs qui file en courant telle une envolée de moineaux. Puis nous voyons ce qui a provoqué la débandade : des pierres que se lancent les 2 camps, parfois avec des lance-pierres. Aussitôt les policiers qui étaient devant la tribune nous font un rempart de boucliers. Sur le champ, les chevaux ont disparu comme par enchantement et c’est le chaos. Les pierres volent comme les lances tout à l’heure. Des fumigènes sans doute envoyés par la police pour disperser les manifestants ne leur font pas beaucoup d’effet. Et voilà un énorme camion lance à eau qui fait son apparition. Cette fois-ci, la foule se disperse. Entre temps, nous avons vu partir le gouverneur sous bonne garde (le GIGN au bas mot…). Mais il fait son retour pour aller parlementer avec le groupe des assaillants qui se reforme et menace de recommencer. Bingo !

Cette fois c’est fini… Mais la Pasola aussi. Les festivités sont arrêtées. Il paraît que c’est comme ça à chaque fois. Donc, rien à regretter…

Et nous retournons au Sumba Nautil, après des dizaines de selfies avec le gouverneur, sa femme, et la moitié au moins de la tribune…

A suivre !

bottom of page