A la sortie de l’hôtel, nous retrouvons le club Udaipur/Jaipur/Jodhpur (62 membres recensés) de fans de Jeeps Willys (les premières jeeps produites qui sont plus vieilles que moi). Ils nous attendent pour faire des photos avec les 4X4.
Route tranquille jusqu’à Agra. Un peu frustrante aussi, car nous repartirons dès demain matin, et si nous voulons voir le Taj Mahal au coucher du soleil, il nous faut renoncer en chemin à la réserve ornithologique de Bharatpur et au site de Fatehpur Sikri.
Très pittoresque souvent, avec ses transports insolites.
Keskecé qui boursoufle les camions???
De la paille de céréales...
Keskecé????
Des galettes de bouses de vaches...
Et route chaleureuse enfin, avec tous ces sourires et bonjours enfantins. Et ces bonnes têtes d’indiens hindous, musulmans et sikhs...
Raspoutine, sors de ce corps!!!
Le tourisme indien familial se porte de mieux en mieux, comme en témoigne cette famille du Karnataka à l’entrée de Fatehpur Sikri.
L’entrée dans Agra est restée aussi bordélique qu’il y a 35 ans... Pas grave, on a la foi. Le nœud, même s’il semble inextricable, finira bien par se desserrer...
Enfin, voilà le Taj Mahal, celui pour lequel nous avons renoncé à tout aujourd’hui. « Parce que je le vaux bien » semble-t-il nous dire dans la lumière douce et chaude de la fin d’après-midi. C’est le seul monument qui continue à me donner le frisson, même au bout de plusieurs visites. C’est aussi le seul que l’on n’arrive jamais à photographier tout à fait droit.
La foule de touristes, majoritairement indiens, est dense. Et la sécurité est sur les dents : fouille au corps, sacs vidés, Dragounet confisqué (« Toys are strictly forbidden, Madam ! »). Pauvre Dragounet ! Privé de Taj Mahal ! Lui qui est venu de si loin... Pas juste... Si on avait su, on l’aurait laissé dans la voiture. Notre conducteur de rickshaw aurait moins peiné à monter les côtes...
Il est hélas déjà trop tard quand nous passons de l’autre côté de la rivière Yamuna pour voir le soleil se coucher sur l’arrière du Taj. Il est déjà pieuté. Nous reviendrons demain...
Allez, une petite photo de groupe avec notre guide préféré, Raj (assis devant en turquoise, celui qui nous gâte tant pour les bivouacs et la trace...).
Départ avant le groupe pour faire des photos du Taj de l’autre côté de la rivière Yamuna.
L’autoroute pour Kanpur est vraiment trop vide et monotone. A part les péages, toujours colorés de camions déguisés en sapins de Noël. Et parfois d'un improbable martin pêcheur...
Et pas question d’arriver trop tôt au bivouac situé dans une cour d’école. Donc, nous prenons le chemin des écoliers. CQFD.
Petites routes de campagne qui traversent des villages dont les habitants sont peu habitués à voir passer des touristes. Ce qui nous vaut des accueils chaleureux et pas intéressés.
Et une découverte de la vie dans les campagnes indiennes...
Seuls les 2 représentants de la maréchaussée qui rappliquent en fin de pique-nique auraient préféré de la bière au café que nous leur offrons. Tant pis pour eux...
Le bivouac du soir ne comptera pas parmi les plus beaux ni les plus confortables (le champ de l’école est à moitié mangé par les matériaux des travaux de construction d’une piscine...). Mais sûrement parmi les plus conviviaux... Souffrir ensemble, c’est ce qui nous lie le plus finalement...
La preuve...
La nuit n'a pas été très reposante, sauf pour quelques rares bienheureux... Chaleur, bruit et moustiques l'ont un peu pourrie! Et en sortant de l'école ce matin, nous avons rencontré... pas la lune et les étoiles sur un bateau à voile comme Prévert, mais l'autoroute au bord duquel nous avons dormi...
Et c'est reparti pour quelques heures de conduite sur cette voie rapide.
Vous voulez des histoires d'autoroute indienne?
Sur le terre-plein central, il y a de l'herbe et des buissons dont raffolent vaches et buffles. Et donc, il y a aussi des vaches et des buffles. Qui traversent sans prévenir et avec une nonchalance qui leur coûte parfois la vie. Mais pas ce matin. "On est en pays musulman, ou quoi?" se demande Michelle à la radio.
Oui, bon, là j'ai triché... C'était sur une route de campagne...
Il n'est pas rare que des camions, et même des très gros, roulent à contre-sens, y compris sur la voie de droite, censée être la plus rapide pour nous. Ils ont tout de même l'élégance mettre les phares. Merci, c'est sympa!!!
Parfois ils transportent de curieuses cargaisons...
Des piétons traversent continuellement, parfois en courant, souvent sans se presser, à côté de leur vélo, poussant une charrette, appuyés sur une canne. Pas encore vu de piétons traverser à béquilles ou en fauteuil roulant, mais je ne désespère pas...
Les cyclistes, eux, hésitent entre créativité et distinction... Vous voulez voir?
Et les péages ne sont jamais monotones...
Et de temps en temps, des femmes en saris aux couleurs chaudes dans les champs bien verts. D'autant plus belles qu'elles sont fugaces...
Les cheminées des briqueteries, elles, affichent plantée à leur sommet la religion de leurs propriétaires : un trident de Shiva pour les hindous, un croissant pour les musulmans.
Une devinette maintenant : il y en a des tonitruants, des chevrotants, des tintamarres, des poussifs, des bêlants, des musicaux, des timides, des barytons, des sopranos, des graves, des aigus, des cancanants, des enroués et des dissonants... Qui sont-ils? Les klaxons bien sûr qui résonnent à longueur de route.
L'arrivée à Varanasi (nouveau nom de Bénarès) est épique. A 2 kms et 10 minutes de l'arrivée à l'hôtel, la trace traverse un camp militaire. Et nous nous oblige à prendre une petite rue de plus étroite (4 mètre maxi entre murs d'un côté et maisons de l'autre). Au début, quelques rickshaws et beaucoup de vélos en face, puis des voitures, et même des camionnettes et jeeps Mahendra... Pris au piège avec nos 4X4, pas loin de 2 mètres de large, en tous cas pour le nôtre...
Résultat : une heure pour faire 150 mètres !!! Nous passons au millimètre près avec l'aide de Jean, qui a laissé le volant à Hélène, et de quelques indiens plus malins et plus organisateurs que les autres. Certains passages de voitures tiennent du miracle. Mais nous finissons par sortir de la nasse. Rincés, mais heureux. Même si Jean nous avoue un peu plus tard qu'il a vraiment cru qu'il ne nous resterait plus qu'à couper le moteur, sortir les tables, les chaises et l'apéro (je ne sais pas où on les aurait mises...) et attendre des jours meilleurs...
La journée n'est pas finie... Nous partons tous en rickshaws vers les ghâts pour voir de nuit les cérémonies et les crémations sur les rives du Gange.
Bénarès, le soir, c'est un concentré du bruit et de la fureur des villes indiennes. Nous sommes ballotés dans un vacarme de klaxons et une folie de circulation difficile à décrire et même à imaginer... Mais nous finissons par arriver, un peu plus gazés et sourds qu'au départ, mais toujours vivants...
La cérémonie qui se tient paraît-il tous les soirs devant une foule d'indiens et d'étrangers en pleine ferveur (les uns religieuse, les autres touristique), tient, comme souvent dans ce pays, à la fois du show bolywoodien et de la transe mystique.
Mais l'arrivée en bateau devant le principal ghât de crémations est d'une autre nature. Le spectacle est prenant, dramatique, lourd de tradition et d'émotion. La mort est là, à la fois très banale (il y a 800 crémations chaque jour à Bénarès, les vaches et les chiens sont aux premières loges...), ritualisée (les corps enveloppés de rouge et or pour les femmes et de jaune et blanc pour les hommes, sont descendus jusqu'à l'eau, immergés, puis remontés sur les marches en attendant leur tour...) et opressante, dans cette nuit seulement éclairée par les brasiers, où on devine les silhouettes des parents, maris, femmes, frères, soeurs des défunts.
Ouf! C'est fini pour aujourd'hui... 3 jours de blog d'un coup, c'est quelque chose...
Vous aurez de la lecture pour le week-end...
Ce soir, nous serons en bivouac près de la frontière népalaise... Donc pas de post. A après-demain, si la Wifi est de bonne qualité.
A suivre!