Petit kilométrage (100 kms) mais piste infernale : 6 heures prévues. Pas question de partir tard, car des bateaux nous attendent à 14 heures sur le lac... Bien sûr, nous pourrions faire comme l’automobiliste moyen et prendre la route directe : il ne nous faudrait qu’une heure... Mais nous sommes des raiders, quoi, merde... Donc, allons nous crotter dans les ornières de la piste de l’impossible. Blague à part, les paysages sont magiques sur cette piste. Et ils valent vraiment les cahots que nous nous infligeons. Le début est tout de même hard : boueux, étroit, pentu et hyper glissant... Avec à droite, côté passager, un magnifique à pic, heureusement la plupart du temps caché par un haut talus. Rassurant quand la voiture patine comme une grosse danseuse saoule. Moins rassurant quand le talus s’aplatit ou disparaît. Toutes les passagères s’accrochent et serrent les fesses dans ces passages, je vous prie de le croire...
La piste s'améliore... Mais on nous annonce le pire à la radio. Une sombre histoire de virage en plusieurs épingles où il ne faut pas choisir celle du track, qui conduit à un bourbier infâme. Deux des 4X4 s'y précipitent plus ou moins de front. Et l'un des 2 se retrouve scotché dans la glaise du talus. Tanké et plus penché que la tour de Pisé Il faudra 2 tentatives de sortie par l'arrière (avec le Land de Jean, puis le Land de Jean et le Toyota d'Henri), et une tentative de sortie par l'avant et l'arrière, plus les villageois qui le tirent pour le soulever, pour réussi à l'extraire de son trou.
Et nous échappons à l'infâme bourbier... pour retrouver une campagne apaisée, des ethnies nouvelles dans les villages et des temples, des temples, des temples...
La balade sur le lac Inle est plus reposante et moins boueuse. Les longues pirogues à moteur glissent à toute vitesse sur l'eau.
Elles passent au ras des pêcheurs à palengrotte ou grands filets coniques.
Les hommes sont debout sur un pied, tels de grands hérons, une jambe enroulée négligemment autour de la pagaie.
Maisons en bois de toutes les couleurs sur pilotis, flattées par la lumière de fin d'après-midi. Quelques unes ont leur petit lopin de terre herbeuse et parfois fleuri. La plupart se contentent de jardins flottants de jacinthes d'eau.
L'essentiel des cultures est un peu plus loin. Des plants de tomates bien rangés sur leurs rubans verts flottants.
Inévitable visite de l'atelier de tissage de soie et de lotus, où j'achète inévitablement un petit haut... en coton !
Nous croisons beaucoup de touriste ici, comme à Bagan et à Mandalay. Il faut bien les faire payer un peu... surtout les femmes!!! Mais elles n'ont pas accès au coeur des temples bouddhistes. Il ne faut pas exagérer non plus...
Et encore un hôtel magnifique, mais à la Wifi moins performante que les moustiques comme les précédents... On ne peut pas tout avoir... C'est là que j'ai posté la dernière fois. Et ce matin à Yangon, je sèche la visite de la ville pour pouvoir avancer dans le blog. Un comble...
Donc, voilà la suite...
Nous entamons le mois de novembre sur les chapeaux de roues!!! Le petit véhicule électrique de l'hôtel, qui nous descend des hauteurs de notre bungalow avec nos bagages, perd ses freins. Le conducteur réussit miraculeusement à éviter de heurter trois personnes sur le chemin et de nous faire basculer, avant de nous arrêter sur le plat du parking. Ouf!!! Après plus de 6000 kms de 4X4 sur les routes d'Inde, du Népal et de Birmanie, ce serait ballot d'avoir un accident de ridicule mini camionnette dans les allées d'un hôtel 4 étoiles...
Petite halte dans la ville voisine pour se remettre avec des chapeaux et des expressos. Ici, il vaut mieux acheter des chapeaux que boire des cafés : 2 chapeaux coûtent 4000 kiats (environ 2 euros 50) et 2 cafés 6000 kiats...
Aujourd'hui, toujours le 1er novembre donc, nous ne verrons pas le temple des 1000 Bouddhas. Des problèmes mécaniques nous font prendre du retard : clé de voiture qui n'enclenche plus le démarreur, réglé par Christian de main de maître dépanneur, et amortisseur en danger - sa vis de fixation en partie basse a été sectionnée et le boulon a disparu - réglé par Nico-le-mécano-du-raid, appelé à la rescousse avec son pantalon patchwork.
Tant pis pour le temple. Nous en verrons d'autres...
Et les paysages vallonnés de la campagne birmane nous consolent amplement. Champs de fleurs jaunes, terre rouge sang, cultures vert pomme ou anis. Les couleurs explosent. C'est osé, mais c'est réussi!
Dans les champs, les villageois battent les céréales et séparent le bon grain de l'ivraie???
D'autres lavent des jeunes poireaux à replanter.
Et dans les villages, les birmans sont toujours aussi chaleureux et heureux de nous voir passer, quelles que soient les ethnies...
Dans un tout petit village de la montagne, une curieuse mixture à base de fruits ronds et de feuilles se prépare, entre énorme marmite bouillante, tritureuse mécanique de feuilles et pressoir à main. Keskecé? Mais keskecé? Si quelqu'un a la réponse, merci de me la donner...
Nous avions l'habitude de voir les familles rentrer en fin de journée sur leurs chars à boeufs. Mais ici, femmes, hommes et enfants rentrent en buffle!!! Première fois que je vois chevaucher des buffles...
Bivouac autour d'un monastère, habité par de jeunes moinillons, qui, à notre arrivée, chantent en psalmodiant dans le temple. Et qui recommenceront à 5 heures du matin... tandis que de jeunes femmes préparent des offrandes de fleurs à Bouddha.
Réveil matinal, donc, mais bienvenu, car nous avons plus de 600 kms à parcourir dont seulement 300 sur l'autoroute. Direction l'ex capitale, Rangoon, rebaptisée Yangon.
Dans la lumière du tout petit matin, la campagne est tout simplement magique. Difficile de ne pas s'arrêter pour faire des photos.
La piste, puis la route sinueuse continuent à nous étonner, virage après virage.
Des stupas dorés accrochés à des pitons rocheux noirs...
Des villages où les temples sont plus nombreux que les maisons...
Des cultures qui dessinent des paysages étonnants et toujours harmonieux. Un flanc de montagne quasiment à pic couvert de thé. Comment font les cueilleuses? Elles s'encordent?
Une rivière paisible...
Le Myanmar est vraiment le paradis des arbres et des fleurs : teks, manguiers, bananiers, grandes marguerites jaunes (Odette, où es-tu?), bambous, chouchous, arbres immenses non identifiés (Odette, tu m'entends?), avocatiers, papayers, orangers, cardamome, et encore plein d'autres que je ne connais pas (Odette?????).
Après ce spectacle en Technicolor, le choc : la nouvelle capitale du Myanmar (au nom imprononçable et que j'ai de toutes façons oublié) étale ses grands axes vides, ses ronds-points démesurés, ses bâtiments, casinos, spa et villas perdus et éparpillés dans l'espace. Telle une Brasilia birmane. Une ville morte, dont tous les habitants auraient mystérieusement mais complètement disparu. Flippant!!!!!!
Yangon est beaucoup plus vivante. Et je vous garantis que la traverser entre 17h30 et 18h30 avec 600 kms dans les roues n'est pas forcément de tout repos.
Aujourd'hui, 3 novembre, Yangon est en fête. Nous partirons en convoi, avec une escorte policière pour avoir une chance de sortir de la ville vers midi ! Direction Golden Rock (le rocher d'or) où nous bivouaquerons, avant le lendemain de rejoindre Myyawadi, près de la frontière thaïlandaise.
Je vous raconterai cela dans quelques jours, soit à la frontière, soit en Thaïlande, soit plus tard à Luang Prabang, car nous ne restons qu'une journée en Thaïlande avant de rejoindre le Laos.
Donc, à un de ces jours...
Un petit cadeau final : cette photo de paysanne birmane qui me fait irrésistiblement penser à une propagande communiste...
A tchao...