Dans les rues et les murailles de Xàtiva

Jeudi 8 juin, une fois n'est pas coutume, ce n'est pas une randonnée mais une excursion que je m'en vais vous conter dans ce blog. Celle qui nous amène en minibus à Xàtiva, ville successivement romaine, wisigothe, maure et espagnole, mais également fief de la famille papale des Borja (Borgia) au 15è siècle, et à l'époque deuxième ville la plus importante du royaume de Valence. Bref, une ville chargée d'histoire et d'histoires, petites et grandes...

Nous sommes 22, avec à notre tête Marie-Claire, organisatrice en chef et guide auto-proclamée (faute de ressource locale de guide parlant français), mais quelle guide!!! La version amateure-éclairée-tendance-professionnelle-grand-luxe !!!! Un groupe dans lequel les belges l'emportent très largement 17 à 5 et qui ne va pas bouder son plaisir entre décors de vieilles pierres, temps forts culturels, paysages décoiffants, parenthèses sportives mais pas trop, sans oublier les moments gourmands et rafraîchissants. Le tout bien dosé et sous un ciel clément et une température idéale... Que demander de plus???

Un petit bisou peut-être??? C'est fait... Allez, en route!

On appelait autrefois Xàtiva la ville aux 1000 fontaines, même s'il n'y en avait que 900 à son apogée. Aujourd'hui, il en reste beaucoup moins, mais nous en croisons quelques unes dans le centre historique. Voilà la Fontaine du Lion.

Ici, les portes aussi se font remarquer. Matériau de bois ou métal et heurtoirs créatifs les rendent particulièrement photogéniques...

Cette vieille maison en fait des tonnes avec sa frise un peu chargée et sa boutique d'apothicaire précieusement conservée dans son jus et ses bocaux...

Et pas question de lancer des pétards ou des feux d'artifice sur cette place : la police locale et la sainte patronne de Xàtiva l'interdisent formellement...

Quant à ce bar, il n'a rien de louche, comme son nom l'indique. Mais avez-vous remarqué que EL CATOLIC est l'anagramme de ALCOLIC ET... et quoi??? Louche peut-être?

Ce qui est louche aussi c'est cette inscription tronquée, ce message sibyllin et énigmatique qui a l'air de beaucoup amuser Guy. Moi, ça ne me fait pas rire. Les verbes ne sont pas faits pour les chiens... non mais sans blague...

Mais suivons Marie-Claire et revenons aux choses sérieuses... La Basilique de la Seu par exemple, cet édifice d'une taille impressionnante, dont le nom complet est Collégiale Sainte Marie (rien à voir...)

qui a bénéficié des largesses des 2 papes Borja (ou Borgia), Calixte III (Alfonso de Borja) et Alejandro VI (Rodrigo de Borja), le plus dépravé de tous...

L'heure de midi approche et avec elle, la perspective d'un carillon qui nous entraîne en haut de son campanile, dans un escalier de plus en plus étroit, de plus en plus colimaçonné, de plus en plus haut. J'ai perdu le compte en route, mais il doit bien y avoir 250 marches bon poids et une douzaine de cloches de toutes les tailles avant d'en voir le bout.

Récompense garantie : le carillon sera un peu décevant mais les toits de cette ville sont aussi beaux que ses rues et le cadre n'est pas mal non plus...

Retour sur le plancher des vaches espagnoles et place à la culture... Le musée Almodi et celui des Beaux-Arts (ou casa de la Enseñanza) nous attendent. Pour ne rien vous cacher, je les mélange un peu...

L'un est abrité dans l'ancienne halle au blé comme en témoigne ce panneau exposé dans son patio qui annonce que le 19 mai de l'an 1847, le blé s'est vendu au prix de 25 (mais 25 quoi?...) les 10 (mais les 10 quoi?...). Un autre panneau sur le mur d'en face nous indique que quelques mois plus tard, il atteignait 26... Comme par hasard...

Tout aussi mystérieuse, cette sculpture en bronze et pierre calcaire, intitulée Laberint, parait étonnamment à sa place dans ce même patio.

C'est beau et effrayant comme un épisode de Game of thrones

Cette fresque de l'époque maure (11ème siècle Marie-Christine???) est bizarrement très chargée en représentation humaine.

Ces deux là ont d'ailleurs l'air de bien s'amuser à Je te tiens tu me tiens par la barbichette, mais l'histoire ne dit pas lequel des deux a gagné...

L'autre musée abrite quelques collections remarquables.

Vous prendrez bien un peu de Goya? Enfin... quand je dis un peu... C'est tout de même d'une série de 80 gravures qu'il s'agit. Les Caprices de Goya, une satire de la société espagnole, surtout la noblesse et le clergé, de la fin du 18ème siècle.

Et du Borja, vous en revoulez du Borja? Celui-là est le meilleur de tous, Sant Francesc.

C'est vrai que vu de près, il a une bonne tête d'ascète comparé aux autres dégénérés de la célèbre famille de papes mafieux ...

Ce beau gosse a été peint en 1928 et ça ne l'empêche pas de nous captiver aujourd'hui...

J'hallucine!!! Une peinture cochonne!!!

Que nenni!!!!!!!!!!!!!!!!!! Figurez-vous que c'est une illustration de l'amour filial. Rien d'incestueux pourtant, car il s'agit, je vous le donne en mille, de la représentation d'une jeune femme visitant son père emprisonné par les romains et le nourrissant au sein. C'est gros mais ils ont l'air d'y croire. Même les romains l'ont cru car les ayant surpris, il parait qu'ils ont libéré le père... Dingue, non???????? Qu'ils y aient cru, je veux dire...

Renversant même, comme ce tableau de Felipe V, accusé d'avoir fait incendier la ville de Xàtiva durant la guerre de succession d'Espagne au début du 18ème siècle, et que le musée expose à l'envers par pure vengeance...

Fin du quart d'heure culturel... Tout ceci nous a donné soif et cette zumeria (bar à jus de fruits pressés) nous tend les bras et sa spécialité de jus de pastèque. Délicieux!!!

Il est temps de remonter dans le minibus, qui doit nous conduire bien au dessus de la ville, au coeur des murailles spectaculaires qui dominent Xàtiva, où nous attendent le déjeuner et une visite du château. Cette bétonneuse n'a pas l'air décidée à nous laisser passer. Il paraît que la route est barrée plus bas mais notre ange gardien (ou un autre automobiliste rebelle) a escamoté la barrière et le conducteur se laisse convaincre de nous céder le passage. Ouf!!!!

Heureusement car nous n'aurions pas pu monter à pied jusqu'en haut...

Les quelques mètres entre le parking et l'entrée du château nous suffisent...

D'autant qu'il faudra continuer à monter après le déjeuner...

... et monter encore (et faire le clown aussi, ça ne mange pas de pain...)

... et monter toujours

Oh oh! Je suis là haut...

Vous devriez venir, la vue n'est pas mal !!!

L'autre côté des fortifications n'est pas mal non plus. Et si vous regardez attentivement la photo, vous remarquerez sous le palmier une photographe en train de photographier le photographe. C'est Joanna, une polonaise de Poznan qui vit à Valence et a croisé la route d'Henri aujourd'hui à Xàtiva. Elle nous a envoyé quelques clichés (celui d'Henri plus haut et les 2 qui suivent cette photo) et nous a autorisé à les inclure dans le blog. Merci Joanna!

Quels reliefs!!!

Tiens! La dame de Xàtiva est là aussi...

Allez, salut! Il se fait tard, des gouttes commencent à tomber et quelque chose me dit que le reste de la troupe est retourné se mettre à l'abri dans le bus. Si on redescendait nous aussi?

Cette excursion était vraiment top! Comme dirait Michel F. ça vaut 10/10 et même, allons-y, soyons fous, 20/20! Et en prime, nous avons découvert une nouvelle variété florale, la fumeterre à neuf folioles, excusez du peu...

Sur ce, je vais me coucher. Bonne lecture!!!!