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Dans les rues et sur les places d'Orihuela

Mercredi 16 octobre, date bloquée depuis plusieurs mois pour une excursion de l'UFTM à Orihuela, la ville de naissance de notre guide espagnol préféré, Ivan. Un guide très demandé (il faut se faire une raison, nous ne sommes pas les seuls dont il est le guide préféré...) : tous ses jeudis d'octobre étant bookés, la seule date possible en croisant nos agendas, c'est aujourd'hui. Tant pis pour la pétanque. Coup de bol, il fait beau et les 35 inscrits répondent présents ce matin. Ceux qui ont voulu, pensé et reconnu cette excursion, Marie-Odile et Yves, en compagnie de Fanny et Michel, celle qui l'a orchestrée, Marie-Claire, et tous les autres, Guy, Denise, Laurent et Lydie, Virginie, Marie-Thérèse, Michel et Anne, Didier et Brigitte, Olivier et Pascaline, Marc et sa fille Ingrid, Nicole, Dany, Jérôme et Annie, Jean-Claude et Micheline, Claudy et Yvette, Jacques et Anne-Françoise, Philippe et Isabelle, et leurs invités, Jean-François et Anne, et Henri-Claude et moi. Je recompte... Le compte est bon... et le car est plein...



La star du jour nous attend à l'entrée de la ville, sous son éternelle coupe chignon. Le public est déjà conquis... Et c'est parti pour 3h30 de visite et de discours quasi ininterrompu... dont je vais tenter de vous restituer quelques miettes, pas forcément celles que vous auriez choisies et pas forcément toutes exactes... Mais tant pis pour vous, c'est moi qui blogue...



L'oreillette est bien calée autour de l'oreille? Mais non, Virginie, tu ne vas pas ressembler à un éléphant...



... ni à un espion belge... Pourquoi tu dis ça?



Orihuela, et son évêché, gagné de haute lutte contre Cartagena en 1564, nous ouvrent grand leur porte. Depuis cette date, tous les nouveaux évêques de la ville la franchissent à dos de mulet blanc. Il paraît que le dernier a dû prendre des cours d'équitation avant d'occuper ses nouvelles fonctions...



Mais nous, le bas peuple, pourrons nous contenter de nos pieds et de nos jambes...



Ce bâtiment imposant et qu'on devine chargé d'histoire a été transformé en collège religieux, el Colegio Diocesano Santo Dominico, par les dominicains qui en ont fait la gloire et le bon Fernando de Loazes, grand inquisiteur. Mais ici et maintenant, c'est bientôt l'heure de la récré!!! Autant dire que nous reviendrons le visiter un peu plus tard, quand ces chères têtes blondes (ou brunes, on est en Espagne...) auront réintégré leurs salles de classe!



En attendant, nous poussons un peu plus loin, vers la montagne et la maisonnette que l'on distingue tout au fond. Celle de Miguel Hernandez, un autre enfant du pays. Un peu d'histoire laïque et de poésie ne nous fera pas de mal...



Au passage, une petite photo volée du groupe au complet, ou presque, regardant lui-même une photo...



... ou plus exactement un portrait de l'artiste. Sur ce mur où il donne son nom au début du Camino Hernandiano et à une activité de "senderismo cultural" le long des différents lieux qui ont compté dans la courte vie du poète...



...mort à 31 ans de tuberculose dans les prisons franquistes. "Ton rire me rend libre / Il me donne des ailes / Il m'enlève mes solitudes / Il m'arrache la prison". Visiblement, ça n'a pas suffi...



Ivan est intarissable sur Miguel. Il nous raconte la maison de son enfance dans une famille de bergers, sa découverte de l'école où il cartonne jusqu'au brevet, son retour forcé et beaucoup moins brillant aux chèvres qu'il laisse filer dans les terrains et potagers voisins, ses poèmes écrits dans le figuier derrière la maison pour que son père ne le surprenne pas, son départ pour Alicante et Madrid, où il peinera à s'intégrer à l'intelligentsia littéraire, avant de réussir enfin et de s'embrouiller avec Federico Garcia Lorca, son engagement pendant la guerre civile espagnole aux côtés des républicains et sa mort en mars 42, deux ans après que sa condamnation à mort ait été commuée en 30 ans d'emprisonnement.



La maison est coquette, le jardin délicieux... Adossés tous les deux à la montagne. Elles n'avaient pas loin à aller, les chèvres... Le berger non plus...



Et où est donc le fameux figuier, refuge du poète? Auquel Guy a volé une feuille, au cas où, sans doute!!!!



Il est juste derrière la barrière bleue et l'étable blanche, les amis... Et la troupe finit par le trouver...



Le poète n'y est pas... Les figues non plus..."Un figuier sans figues, c'est pas très intéressant!" commente Nicole, gourmande et inconsolable!!! Si elle savait Nicole... Sans figues???



Pas pour tout le monde.... et tant qu'à balancer, j'avoue que j'y ai goûté aussi. Un délice!!! Désolée Nicole...



Ne nous laissons pas abattre. Et un petit selfie, un! C'est tellement poétique... Sans parler de la mise en abyme... En regardant sur l'écran d'Annie avec une loupe, on verrait sans doute Henri-Claude prendre la photo de dos des modèles...



... tandis que dans le portrait de face, on voit sans trucage dépasser la casquette (de travers comme dab) et l'iPhone du photographe furtif...



En parlant de photo volée, en voici une prise par Didier à l'insu du plein gré d'un public captivé par le seul enregistrement sonore de Miguel Hernandez lisant un de ses poèmes. Sauf deux qui posent, dont un avec casquette de travers (exceptionnellement, ce n'est pas la seule sur l'image...)



Les cours ont repris le leur ! Nous pouvons nous consacrer dans le calme et la sérénité à la visite du collège diocésain Santo Domingo en commençant par son cloître, pardon... sa cour de récré...



Ce sont les dominicains qui ont fondé ce qui était d'abord un couvent au début du 16ème siècle ("le siècle 16" comme dit Ivan, traduisant littéralement l'espagnol en français... Pas d'offense, car il parle drôlement bien français, Ivan. Ça nous change des guides qui nous mettent la Verge à toutes les sauces. Lui, il se contente d'évoquer le "plaisir carnal", je ne sais plus à quel propos d'ailleurs, et c'est charmant...). Les dominicains, donc, étaient venus de je ne sais plus où, pour sauver la ville d'Orihuela, alors en proie à la peste. Celle-ci a disparu 5 jours après leur arrivée et les habitants reconnaissants n'ont plus voulu les laisser repartir... D'où le couvent qui s'est vite transformé en collège...



... et université, dont la cour carrée et les colonnades séduisent de toute évidence les photographes. De chaque côté, 7 colonnes surmontées de 7 blasons, ceux des sponsors de l'université. Comme dit Ivan, le football et sa pub autour des stades n'ont rien inventé...



L'un de ces 7 blasons attire particulièrement l'oeil. On dirait... un chien jouant au ballon justement, avec son os dans la gueule... Eh oui, c'est bien un chien, mais ce qu'il tient entre ses pattes, c'est le monde et dans la gueule, ce n'est pas clair, mais ce pourrait être un flambeau allumé... D'après Ivan, ce serait le symbole des dominicains. Ce que confirme Wikipédia : " au 16ème siècle, le blason d'origine chapé de sable est parfois surchargé d'un chien de sable tenant dans la gueule une torche enflammée". Ivan va même plus loin en allant chercher l'explication dans un latin de cuisine qui serait à l'origine de l'appellation "dominicain" : Dominus canus, le chien de Dieu... Mais rien n'est moins sûr car l'ordre a été créé à Toulouse en 1215 sous l'impulsion d'un certain Dominique de Guzmán... Bon, on arrête là... mais ce chien est quand même trop drôle!!!!



Une dernière photo de ce lonesome cowboy...



... qui ne tarde pas à être rejoint par sa blonde moitié...



Un coup d'oeil sur cet escalier doublement improbable, d'abord parce qu'il est particulièrement révolutionnaire au 16ème siècle, où les escaliers montaient généralement en colimaçon autour d'un pilier central et ne comportaient pas d'espace intérieur comme celui-ci.



Ensuite parce qu'il semble partir dans tous les sens, comme un escalier d'Escher...



Délire de fin de visite, sans doute... Comme ce panoramique dément d'une cour carrée qui s'arrondit et se déforme sous les yeux de Dany, totalement hallucinée...



Délire toujours, voilà que le collège très catholique s'est transformé en école des sorciers, et accueille Harry Potter et Hermione... Pincez-moi !!! Et enlevez vite la main de ce "A", chère madame, on pourrait se méprendre... Une seule lettre vous manque et tout est déformé...


Reprenons-nous !!! Nous sommes dans une église, la chapelle du couvent, tout de même!!! Que dis-je??? Nous sommes dans la "Chapelle Sixtine de Orihuela", une véritable merveille. Entièrement restaurée après avoir brûlé, elle garde à certains endroits un petit air de guingois, car la structure est fragilisée par la proximité du fleuve Segura, et une partie des fondations s'enfonce lentement mais sûrement...



Cette curieuse peinture datant du siècle 16 (encore lui!!!), est l'une de celles mises au jour il y a quelques années sur les murs du fond, recouverts de chaux depuis le 18ème. On y distingue, derrière le personnage, des détails en trompe-l'oeil (trampantojo) représentant des boiseries, utilisés un temps pour se substituer aux vrais décors en bois qui n'arrêtaient pas de faire courir des risques d'incendies aux églises (Des poutres en trompe l'oeil, une idée à souffler aux architectes de Notre Dame pour remplacer sa structure en bois de chêne, peut-être???). Mais ça n'a pas évité à la chapelle de brûler plus tard...



La visite du collège diocésain et de l'université est finie. Dernière explication d'Ivan sur les curieuses inscriptions qui couvrent un peu partout les murs extérieurs. Il s'agit du vítor ou víctor, une sorte de "viva!" que les étudiants gravaient sur les murs pour célébrer l'obtention de leur diplôme, à l'insu des autorités.



Un symbole de victoire et de rébellion hélas un peu détourné et même confisqué par les franquistes pendant la dictature...



Nous repartons dans les ruelles d'Orihuela, surplombées par la montagne et le fort. Pas pour longtemps...



Le musée de la Semaine Sainte nous attend. Avec ses pasos et ses capuchinos... Keskecé???



Les pasos, c'est ça...



... et ça... D'énormes chars, pesant parfois plusieurs centaines de kilos, représentant des scènes des derniers moments de la vie de Jésus, qui seront promenés par des membres des différentes paroisses de la ville (chaque paso appartient à une cofradia) pendant un ou plusieurs jours de la Semaine Sainte et au minimum 4 heures à chaque fois...



Et les capuchinos, c'est ça... ceux qui enfilent le chapeau pointu appelé capucho. Un symbole d'égalité, autrefois, afin qu'on ne distingue pas, parmi les confréries et les porteurs, les nobles des paysans et autres gens du peuple... Peut-être... Pourquoi ne pas croire à cette belle histoire? Mais moi, la cagoule, ça me ferait plutôt flipper...



Au registre des belles histoires de l'oncle Ivan, on peut aussi ajouter celle de la distribution de bonbons aux enfants par ces silhouettes inquiétantes... Vous laisseriez vos gosses les approcher, vous? Pas moi en tous cas...



Certains pasos sont privés de leur statue. À demeure dans l'église, la chapelle ou le sanctuaire le reste de l'année et prêtées pour la semaine sainte... Il y a parfois leur photo devant le char. Parfois non... Merci, Annie de te dévouer...



D'autres sont bien là, hypnotisantes... Marie-Thérèse, tu as vu la Vierge???



Ben oui, justement!!!!



Retour à la vraie vie et au grand air, en procession nous aussi sous un ciel bleu qui n'incite pas à porter la cagoule...



C'est fou, dans cette ville, on croise à tous les coins de rues un cloître dont on ferait bien son petit jardin secret...



... une cathédrale où on peut aujourd'hui parrainer un tuyau d'orgue (si, si, je vous jure...)



mais, où, fut un temps, lorsqu'elle servait de tribunal de la Sainte Inquisition, il ne fallait pas se tromper de porte lorsqu'on en sortait... Plouf plouf, celle-la c'est la liberté...



Plouf, plouf, celle-la c'est celle du bûcher!!! Plouf, plouf, à moins que je me sois trompée...



Heureusement, le profane reprend parfois ses droits...



Après toutes ce dorures, un peu de rétro kitsch ne fait pas de mal...


J'ai dit UN PEU de rétro kitsch, ils ont confondu droguerie et drogue, ou quoi???



Drôle de profession de foi... Tu ne nais pas chat, tu le deviens... Heureusement que son chien ne sait pas lire...



Annie, elle, n'a pas mis ses bonnes lunettes... Le monsieur est peut-être animé de bonnes intentions mais une statue de prêtre ne devrait pas faire ça...



Le tour d'Orihuela touche à sa fin. Ivan jette ses derniers feux pour le plus grand bonheur de ses fidèles groupies. Je vous épargnerai quant à moi, l'ultime visite souterraine et archéologique des fondations arabes de la ville et de ses bains... Ce blog a assez duré. Il faut parfois rester à la surface des choses...



Et comme il n'est de meilleur guide qui ne se quitte, nous disons adieu à notre Oriolano préféré, sur les marches du restaurant Davinia Martínez, un ancien casino somptueux et gastronomique, au personnel exubérant et généreux.



Bref! Une vraie réussite que ce déjeuner...



... et l'occasion pour Henri-Claude de se faire plein de nouveaux amis...



Avant de repartir vers notre Costa Blanca, il ne nous restera plus qu'à nous offrir un petit tour dans la palmeraie d'Orihuela...



une bonne façon de conclure cette journée consacrée aux vieilles pierres, à l'histoire et à la culture, sur de belles images de nature...



Orihuela, c'est fini. Merci aux organisateurs et vive la prochaine excursion!!!

En attendant, à suivre...


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