Jeudi 14 mars, l'UFTM part en balade une nouvelle fois. Pour une sortie placée sous le double signe de la palme et du chocolat. Exotisme et gourmandise. Qui dit mieux??? Il y a du monde qui dit oui en tous cas... Carina, Philippe, Yasmin, Muriel et Michel, Brigitte et Didier, Danie et Patrice S., Nicole, Dany, Marie-Odile et Yves, Michèle, Jeanine, Anne et Michel F., Béatrice et Marc, Karine, Monique et Patrice, Yvette, Claudy, Josiane et Armand, Jeanne-Marie et Thierry J., Chantal et Vincent, Michèle et Thierry, Henri-Claude et moi, pas moins de 34 participants présents dans ce bus qui roule de bon matin vers le sud. Un bus aussi rempli que la journée qui nous attend...
Direction Elche, le royaume des palmiers. Jugez plutôt. La ville compte 200.000 palmiers, presque autant que d'habitants (il y a 280.000 Ilicitains). Appartenant à plus de 100 espèces différentes, on les trouve partout, dans les vergers (huertos) hérités de l'occupation maure, le long de avenues, autour des squares et des places et dans les palmeraies qui entourent les différents quartiers de la ville. D'ailleurs, celui qui cherche les palmeraies dans Elche a tout faux. C'est Elche qu'il faut chercher dans la palmeraie!!! Ce n'est tout de même pas pour rien que celle-ci est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Certains de ces palmiers ont leur propre nom. Et un âge avancé. Celui-ci a le mien mais moins bonne mine je trouve...
Tous ont, paraît-il, une carte d'identité. En tous cas, tous ceux du plus célèbre jardin d'Elche, El Huerto del Cura (le Verger du Curé). Qui nous ouvre ses portes dès notre arrivée. En nous réservant un accueil animal flamboyant. Sur terre et de profil...
comme de face...
et sur bassin, de face...
comme de profil...
Quel feu d'artifice, les amis!!! Il ne manque que la Dame d'Elche, la star du coin, la queen de la ville, la diva de la palmeraie... Ah ben non... La voilà justement! Mais nous en reparlerons plus tard...
Car revenons à nos moutons, ou plutôt à notre curé d'Elche, José Castaño Sanchez, qui dans les années 1860, a commencé à demander à ses copains voyageurs de lui rapporter des palmiers et d'autres essences végétales des quatre coins du vaste monde.
Bravo curé!!!! Voilà comment est née la beauté faite arbres...
Tout y est, les couleurs, les textures, les formes, comme celle de ce palmier tordu et de sa béquille qui dessinent une courbe étonnante et aérienne.
En parlant d'aérien, du haut de ces palmiers, combien de siècles nous contemplent???? Un palmier peut vivre jusqu'à 250 ans paraît-il...
Pour en savoir plus, écoutons les belles histoires de notre intarissable guide Ivan. Elles nous apprennent que le palmier n'est pas juste un arbre, mais une bénédiction pour les espaces chauds et dunaires comme la région dans laquelle nous sommes. Planté en rangs et en formation carrée ou rectangulaire, il dessine un espace protégé de la chaleur par son ombre, du vent et des tempêtes de sable par sa masse, et de la sécheresse par l'humidité qu'il capture et fait goutter le long de ses palmes. Incroyable non???? À telle enseigne que le roi Jaume Ier a eu le bon sens d'interdire que la palmeraie d'Elche soit rasée après la reprise de la ville aux Maures à la fin du 13ème siècle...
Voilà la plus belle des légendes encore vivantes de ce jardin, le palmier à 7 rejetons, unique en son genre.
L'original déploie ses 7 troncs, devant ou plutôt au dessus de nos yeux ébahis... De vénérables troncs de 195 ans tout de même (d'où leurs indispensables béquilles de tiges et de cercles métalliques) qui ont rendu célèbre ce jardin et son curé en 1894...
... lorsqu'un jour d'automne, Sissi, de passage à Alicante, est venue faire un tour à Elche et s'est littéralement pâmée devant cette merveille de la nature. Sa pub d'enfer pour celui qu'elle a rebaptisé Palmier impérial a alors attiré à Elche toutes les cours d'Europe et fait du Jardin du Curé THE PLACE TO BE!!!!
Bien sûr, par les temps qui courent, les allées de notre bon curé attirent moins de Grands d'Espagne et d'aristos du reste de l'Europe que de retraités, franco-belges en l'occurence... Mais l'engouement demeure intact.
Et puis, Sissi ne pèse plus très lourd, face à Yasmin et Carina en soeurs jumelles et en majesté...
Sans compter qu'à l'époque de Sissi, le jardin devait être en noir et blanc ou, au mieux, en sépia, et qu'aujourd'hui Michèle peut faire péter les couleurs...
... pendant que Dany ose sans complexes et avec bonheur le look imprimés-déstructurés-coordonnés-palmas-y-dátiles...
Il y a tout même de drôles de visiteurs qui rôdent incognito dans les allées... Espions russes???
... ou barbouzes corses en mission secrète sous les palmiers???
Euh, non, en fait... seulement de bons vieux touristes équipés d'une grosse oreillette par notre guide. Une riche idée pour capter, sans donner de la voix, l'attention de 34 plus ou moins jeunes seniors plus ou moins sourds!
Un auditoire dont certains membres ont des palmiers dans leurs propres jardins et sont contents de savoir s'il s'agit de filles (elles font des dattes) ou de garçons (ils font des fleurs). Et surtout d'apprendre qu'il ne faut pas les tailler plus tard qu'en janvier car l'odeur que dégage un palmier taillé au printemps attire immanquablement son pire ennemi, le picudo. Ce beau coléoptère doré ne lui veut pourtant aucun mal mais ne peut pas s'empêcher de pondre ses oeufs dans son tronc. Les larves qui en sortent le dévorent de l'intérieur et détruisent le canal par lequel il se nourrit... Fin de l'histoire!!!!
Vous en voulez une autre??? Elche est la capitale des palmes tressées, exportées dans le monde entier pour les processions du dimanche des Rameaux. Comme celle-ci, qui arrive directement d'un des ateliers de la ville auquel nous allons rendre une petite visite.
Poussez pas derrière!!! Tout le monde va pouvoir admirer et comprendre l'origine et le travail de la palme blanche.
Cet exemplaire mesure presque 2 mètres. Peut-être va-t-il être en lice pour le concours de la plus belle palme tressée ?
et, s'il gagne, se retrouver à Rome, béni par le pape lui-même lors de la Semaine Sainte?
Dans cet atelier familial, tout le monde met la main à la palme, même le grand-père de 93 ans...
Plus folle encore que cet artisanat, la technique de création de cette incroyable palme pâle...
... nous est racontée par ces photos (et Ivan aussi bien sûr...). Les jeunes palmes sont ligaturées sur leur tronc puis encapuchonnées pour les priver de lumière et de chlorophylle, donc de couleur! Ce qu'on voit sur la photo du haut, ce n'est pas un picudo, mais un homme au boulot pour vous permettre, si vous le souhaitez, d'aller faire bénir votre "mano de palma blanca" le dimanche des Rameaux. Et la ramener chez vous pour qu'elle protège votre maison jusqu'à l'année suivante... Vêtu de neuf, bien sûr, car comme le dit le dicton, "El que no estrena, no tiene mano!"
Il est temps de découvrir le centre historique d'Elche, et sa cathédrale construite dans une ancienne mosquée. Ici, on appelle ça une "mosquée purifiée" (spéciale dédicace à Pascal Praud), facile à reconnaître à son nom : d'après Ivan, toute mosquée "purifiée" est renommée Santa Maria.
Tiens, une palme blanche bénie!!! Et un minimalisme qui réveille un peu l'austérité de la mosquée...
...au milieu des dorures de la cathédrale.
Et comme les histoires d'Elche sont inépuisables, voici celle du Mystère de la Vierge d'Elche...
La tradition locale raconte que le 29 décembre 1370, une statue de la Vierge et un manuscrit décrivant un rituel liturgique de la célébration de l'Assomption furent découverts dans un coffre qui flottait sur les eaux près de Santa Pola.
Depuis cette époque moyenâgeuse, la cathédrale d'Elche accueille chaque année le Mystère d'Elche, une représentation théâtrale sur 2 jours, de la mort et de l'Assomption de la Vierge, avec faux ciel, anges qui descendent, Vierge qui monte et foule en délire.
Une pièce représentée sans interruption ou presque jusqu'à ce jour et qui doit valoir le coup d'oeil... et le coup de cloche!
Allez, on continue à sillonner les rues et places de cette ville où l'oncroise parfois de curieuses statues...
Non non, n'insistez pas! On ne fait que passer... Trop de choses à voir et à faire...
Visiter ce fort, par exemple. Ah non finalement. Il est en cours de restauration en ce moment...
Et la Dame d'Elche n'y est plus. L'original n'est pas non plus au musée Archéologique et Historique d'Elche. Il était au Louvre autrefois, puis Franco l'a extorqué à Pétain et il n'a que temporairement quitté Madrid pour le MAHE d'Elche depuis lors... Et pourtant la Dame d'Elche est citoyenne d'honneur de la ville.
Il faudra nous contenter de sa copie, elle-même copiée dit-on par Georges Lucas pour servir de modèle à la coiffure de la Princesse Leïa. Dernier avatar de ce buste, découvert en 1897, et qui a depuis nourri à peu près tous les fantasmes archéologiques et nationalistes possibles et imaginables. Princesse ou reine maure (en Espagne, tout ce qui est ancien est maure...) pour les habitants d'Elche au moment de sa découverte. Dieu grec au masculin pour l'archiviste du village auto-proclamé historien d'art. Classée dans les antiquités greco-phéniciennes par le musée du Louvre lors de son acquisition,. Récupérée comme icône de l'espagnole éternelle par l'idéologie franquiste. Et même suspectée un temps de n'être qu'une fraude moderne, avant d'être finalement rendue à sa culture ibère du IV ou Vème siècle avant J.C.
En ces temps anciens, et même préhistoriques, figurez-vous que la région d'Elche était encore en partie sous les eaux de la mer, comme le montre le tracé blanc qui délimite la côte telle qu'on la connaît aujourd'hui. D'où, lorsque les eaux se sont progressivement retirées, l'apparition de grandes formations dunaires. Et d'où les palmiers... CQFD!!!
Les amis, ce n'est pas tous les jours qu'on peut marcher littéralement sur une ville et ses environs. Et c'est ce que nous n'allons pas tarder à faire dès qu'Ivan aura terminé son briefing géopolitique et stratégique. 5....4....3....2....1.... L'UFTM saute sur Elche!!!! Ça va barder!!!!
En fait, non... Car il y a un temps pour tout. Et là, c'est l'heure du déjeuner...
Il faut toujours nourrir les grands fauves avant de les lâcher!!!
D'ailleurs, lâche ce grand fauve Henri-Claude! Il n'est pas à nous. Il appartient au restaurant...
Et puis, c'est l'heure de reprendre notre bus pour rejoindre Villajoyosa et la Chocolaterie Valor. Ouste! Du vent ! Jaume Ier nous a assez vus apparemment. Tchao les palmiers! À nous les arbres à cabosses...
Quel enthousiasme à l'arrivée...
... et après la visite
... de ce monument du chocolat espagnol depuis 1881.
Son siège de Villajoyosa accueille plus de 95000 visiteurs par an dans ce qui n'est plus qu'un charmant musée vintage du chocolat, les normes européennes et le Covid ayant eu raison de la visite de son usine de production et de conditionnement.
Ils avaient de bonnes têtes d'espagnols du terroir ces représentants de la 2ème génération de fondateurs de l'entreprise, non ?...
Et Zambita, cette belle fleur des îles était l'équivalent espagnol de notre tirailleur sénégalais de Banania, en des temps lointains où la cancel culture n'existait pas.
Fin de la visite.
Et place au plaisir adulte...
... je parle de celui de goûter et d'acheter du chocolat bien sûr...
Mais lequel??? Impossible de choisir...
Prenons-les tous!!!!
Et ceux-là aussi. T'as goûté à ceux-là???
Mes poissons et moi, on n'aurait pas dit non à un chocolat chaud churros!!!! Mais bon tant pis...
Valor, c'est fini!!!
Retour dans le bus et début de ce blog qui n'en finit pas de traîner, le temps de choisir entre des centaines de photos et de trouver un créneau pour l'écrire dans un agenda surchargé de randos et de concerts.
Mais ça y est. Point final et tardif. Bon week-end à tous et à suivre... très vite!
Quel beau reportage avec plein de détails intéressants et de splendides photos ! On imagine sans peine le travail pour résumer une telle journée. Bravo Catherine et merci ❤
Superbe reportage très bien documenté jolies photos
Bravo à Catherine et ses talents de rédactrice.
Je n’étais pas là mais j’avais vraiment l’impression de vous y accompagner amitiés à tous Harold
Magnifique reportage !!!
Un grand merci pour ce magnifique résumé qui entrouvre déjà mon escapade avec Isabelle pour son anniversaire ce jeudi.
Amusant aussi de constater la coïncidence avec notre sortie à la lèproserie de Fontilles ou trône une statue de la Dame de Elche avec comme annotation " Elche con Fontilles".
Un détail...
"Un palmier est une plante ( et non un arbre) de la même famille que les joncs ou les bananiers, qui peut atteindre jusqu'à 20 mètres de hauteur. En effet, lorsqu'on regarde de plus près, le palmier ne dispose pas de tronc, mais une tige, que l'on nomme le stipe."