Avant de démarrer ce nouveau post, un petit erratum s'impose : notre avant-dernière rando ne nous a pas conduits sur les sentiers de la Marina Alta, puisque Tárbena appartient à la Marina Baja (ou Baixa en valencian)... La preuve...
Et hier, vendredi 21 octobre, nous avons quitté l'une et l'autre de ces Marinas pour aller au delà d'Alicante, jusqu'à Petrel (ou Petrer en valencian) dans la comarca (sorte de mini région ou de comté en Espagne) de Medio Vinalopó.
Ces précisions géographiques sur l'appartenance de nos sentiers de randonnées étant apportées (les puristes apprécieront), retour sur nos aventures pédestres de ce vendredi à la Silla del Cid. La Silla c'est ce plateau tabulaire qui culmine à 1126 mètres (à la pointe de droite).
Nous sommes un groupe de 8 randonneurs, réunis autour des 2 guides de l'association francophone de Calpe, le français Georges et l'espagnol Juan. Au programme de la journée, 774 mètres de dénivelé, 14,5 kilomètres et un peu moins de 7 heures de randonnée, picnic et stops photos inclus.
Le soleil reste discret la plupart du temps, ce qui fait un peu râler les photographes mais nous permet de monter à la fraîche. Les plus pessimistes ont même apporté un vêtement de pluie mais c'est bien mal connaître l'automne valencian ou alicantain qui fait parfois semblant d'être menaçant mais ne laisse jamais longtemps les nuages l'emporter sur la douceur méditerranéenne.
Tout le monde est en forme (ou fait comme si...) et nous avalons la pente à un rythme soutenu. Juste le temps de s'arrêter quelques fois pour immortaliser le retour fugace du soleil sur le relief alentour.
Jean-Luc, autoproclamé reporter officiel part systématiquement devant en courant pour filmer le groupe avec sa Gopro. "C'est le bonheur!" hein, Jean-Luc ?
Et voilà déjà le point culminant
Nous l'atteignons à 11 heures après seulement 1h45 de montée.
Georges, on t'avait dit de ne pas enlever la pierre du dessous!!!! Maintenant il va falloir refaire tout le cairn...
Vous voulez voir un groupe heureux? Il ne manque le photographe (mais lui est heureux derrière son appareil).
Et un pano de plus, un!!!
Une fois au sommet, la rando est loin d'être terminée. Le chemin se poursuit le long de la crête, longtemps, longtemps, longtemps, descend, remonte, descend et remonte encore... vous le voyez sur la photo?
Il longe parfois le bord escarpé du plateau, randonneurs trop sujets au vertige s'abstenir...
... et nous offre des vues exceptionnelles sur la Cresta del Fraile et la Cima del Despenyador, terrain d'une randonnée de juin particulièrement chaude et déshydratante qui s'est terminée par des crampes violentes dont mes cuisses se souviennent encore,
... sur des reliefs tourmentés hésitant entre ressac et échine de dinosaure
... sur les innombrables serres sous lesquelles sont cultivés et conservés jusqu'à fin décembre les raisins destinés à être égrenés à chacun des 12 coups de minuit de la nouvelle année dans toutes les maisons et sur toutes les places espagnoles,
... et sur la Silla del Cid, en majesté. Et comme le dit si bien Georges (alias Jean-Claude Dusse), la rencontre d'une montagne est une ouverture.
C'est d'ailleurs une rencontre étonnante que nous faisons au détour d'une pente... Celle d'un homme qui a choisi de s'inscrire éternellement dans le paysage... et dont les cendres sont dans le sac noir sur le rocher (nous n'avons pas vérifié...)
"Je m'appelle Gaspar Paya Toledano
Je suis dans ce bel endroit
Chaque jour je vois se lever le soleil
Je respire l'air frais que me donne cette paix
Je vois venir le coucher du soleil
Plus tard cette belle nuit qui tombe
Et je sais seulement que demain, je serai de nouveau ici
Je suis né en cette année de 1963"
Bon, ben nous on n'est pas d'ici et on n'a pas prévu des rester, il est temps de redescendre.
Les sentiers sont particulièrement casse-gueule, pleins de pièges à pieds, de pierres traitresses, de gravillons sournois. La photo ne le traduit pas, d'abord parce qu'elle est prise à la fin d'un de ces tronçons maudits donc à un moment de décontraction, ensuite parce qu'il n'est pas question de faire des photos dans les passages les plus périlleux, trop occupés que nous sommes à mettre un pied devant l'autre sans chuter. Et pourtant des chutes, il y en a, hein Juan?... Mais rien de grave heureusement!
Allez... La journée a été bien remplie et très stimulante mais il est temps de se quitter.
Et alors que les festivités de célébration de la Reconquête "Cristianos y Moros" vont démarrer à Calpe, place à un souvenir d'il y a 31 ans de Juan, Capitaine des Maures cette année là, en compagnie de sa femme (à gauche) et de son fils. Chaque année, un capitaine des Maures et un capitaine des Chrétiens sont choisis au sein d'une des associations (filaes) maures et chrétiennes de la ville. Soit celui qui fait la meilleure offre financière (un vrai investissement entre costumes, repas offerts et autres dépenses), soit à offre égale, celui qui est tiré au sort ou élu par sa filae. Juan a été élu, lui, et il en est fier. Et il y a de quoi : Cristianos y Moros sont une des fêtes traditionnelles les plus populaires de la région de Valence et d'Alicante.
Et quelle allure, hombre!!!
A très bientôt... Demain nous repartons sur les sentiers de Tibi. Vous en saurez plus dans les prochains jours...
Ça y est ! J'arrive enfin à te laisser un commentaire... Superbe cette rando qui , hélas, dépasse de loin mes capacités. Tes commentaires , tout en finesse et subtilité m'ont quand même permis de vous accompagner... sans crampes...