Sur les chemins du Sénégal J3

Les voyages ne sont jamais assez (ou trop?) culturels avec Gabrielle et Jean-Marc. Et figurez-vous qu'une de leurs connaissances françaises a justement créé un musée à Djilor, une bourgade qui se trouve pratiquement sur la route de Foundiougne, notre étape de midi. "Ce n'est pas dans le programme, ça..." "C'est dommage, on ne va pas pouvoir aller prendre le café dans le spot magnifique que j'avais prévu de vous montrer..." "On a beaucoup de route pour Foundiougne et on sera en retard pour le déjeuner..." "Bon, d'accord... Mais petit déj à 7 heures et départ à 8 heures!!!" De toutes façons, Didier n'avait aucune chance avec Gabrielle. Qu'est-ce qu'un programme et un horaire à respecter quand il s'agit d'art et de culture ethnique !!!!! Et nous voilà, ce samedi 4 mai, partis pour Djilor et son MAHICAO (Musée d'Art et d'Histoire des Cultures d'Afrique de l'Ouest) ou plutôt celui de Reginald, qui vient d'adjoindre au musée une galerie d'art et fait construire une case destinée à présenter la culture Serere.

Et donc, au petit matin, alors que le lodge somnole encore, nous prenons nos cliques et nos claques...

... non sans avoir payé notre note, et pour la peine, obtenu une photo de Céline la gérante. Sacré Henri-Claude!!!

Le MAHICAO et Reginald nous attendent... Mais Juliette, la guide n'est pas encore arrivée et ce dernier nous fait découvrir les beautés de sa galerie d'art, qui présente avec un certain éclectisme des objets et des meubles africains mais aussi asiatiques. Parmi les rares pièces sénégalaises, cette photo saisissante d'un homme noir et blanc...

Ce panneau publicitaire de coiffeur est-il sénégalais ou tchadien? Je ne me souviens plus...

Et ce masque est ivoirien, si je me souviens bien. J'en connais qui n'aimeraient pas avoir ça à la maison. Reginald nous a parlé de la femme d'un acheteur de masque effrayant qui a dit à son mari "C'est soit le masque soit moi...". Il paraît que le gars n'a pas acheté le masque... mais qu'il le regrette... Rassure-toi Inès, si tu lis ce blog, nous n'avons pas acheté celui-là, tu peux revenir sans crainte à Manola...

Juliette est enfin arrivée. La meilleure guide de tout le Sénégal nous régale de ses commentaires aussi précis que documentés et passionnants, délivrés dans une diction parfaite et avec humour. Bravo Juliette!!!

Avec elle, on en apprend des choses!!! Savez-vous par exemple qu'on recense officiellement en Afrique plus de 3500 ethnies. Mais ce chiffre est très contesté et sous-estimé... Rien qu'au Sénégal, un "petit" pays de 18 millions d'habitants, le chiffre officiel est de 24 ethnies et 24 langues. Mais l'ethnie locale Serere, une ethnie minoritaire, loin derrière les Wolof et les Peuls, est comptée pour 1, alors qu'elle comporte 5 sous-ethnies... C'est dire...

Cette statue date de la mystérieuse civilisation Nok. Mystérieuse car on en sait très peu de chose sinon qu'elle a dû vivre au Nigéria entre 900 et 400 ans avant JC. Construites en terre cuite, très peu de pièces sont intactes et surtout entières.

Celle-ci ressemble au penseur de Rodin. Perso, je la trouve très Nok and Roll!

Et qu'est-ce donc que ceci???? Pas ce que vous pensez, si vous avez l'esprit mal tourné... Ceci est un soufflet de forge, toujours exposé verticalement dans les musées. On comprend mieux si on le met à l'horizontale. Symbole de fécondité, d'où la représentation du sexe féminin, car ce qui s'en échappe et attise le feu, c'est le souffle de vie.

Au fait, savez-vous que dans les histoires africaines, le forgeron et la potière du village sont promis l'un à l'autre depuis leur plus tendre enfance? Indéfectiblement et éternellement liés par le feu.

Que voulez-vous, l'animisme est encore très présent en Afrique. Même si, à la fin, c'est toujours Dieu qui gagne...

Une dernière vérification de la route qu'il faudra prendre pour rejoindre le pays Bassari, à l'est de la Gambie, sur une carte qui mériterait peut-être d'être actualisée car elle date des années 20.

Un dernier café au restaurant du musée, devant ce chef d'oeuvre d'affiche dont on ne sait s'il veut faire vendre la femme ou le poisson. La pub a quand même connu une préhistoire étonnante...

Il faut y aller... Didier est au bord de l'ébullition. Il le jure : plus jamais il n'organisera de voyage pour des civils... Enfin... jusqu'à la prochaine fois! Et pourtant, nous arrivons avec 1 heure d'avance à Foundiougne.

Ce pont monumental d'1,5 kilomètre qui traverse le fleuve Saloum, a sonné début 2022 le glas (et c'est pas dommage...) des bacs qui faisaient (ou pas) la traversée.

Sûr, on ne serait pas arrivés à l'heure chez Anne-Marie si on était venus il y a un peu plus de 2 ans...

Et on n'aurait pas pu prendre le temps de méditer devant le fleuve...

de regarder glisser les pinasses...

d'admirer l'aigrette des récifs (assez gothique, l'aigrette, un nouveau rejeton de la Famille Adams???)...

de faire une petite sieste post prandiale après les crevettes à l'ail et le barracuda

Sieste dont Henri-Claude ne s'extrait que pour entamer une brève mais intense campagne électorale à Foundiougne

Et nous repartons pour 2 heures de route jusqu'à Toubacouta, où nous posons nos valises pour 2 nuits au Keur Saloum...

... plutôt sympathique, non? Même si on doit tangenter les 50 degrés au soleil sur ce ponton...

Demain dimanche, les choses sérieuses commencent : marché dans un village voisin et balade en brousse à la recherche des oiseaux et des singes, avec Christophe, un autochtone, le matin. Et le soir, sortie en pirogue sur le fleuve. Mais demain est un autre jour. En attendant, à la tienne Didier!!!

Et à suivre... Mais peut-être pas demain. La Wifi de l'hôtel est défaillante et le temps devrait me manquer. Donc, il faudra patienter, les amis... Et puis, une publication par jour, je ne vais pas tenir le rythme longtemps, moi...

Il va falloir vous contenter de cacahuètes...

Bonne nuit!!!!