Mardi 25 avril, une fois n'est pas coutume, la randonnée difficile de L'Amicale des Francophones de la Marina Alta (LAFMA pour les intimes) n'a pas lieu un vendredi mais aujourd'hui même. Au programme, un must de la région, le Barranc del Infern (roulement de tambour!!!!). Rien moins que 6000 marches plongeant depuis des siècles au coeur des spectaculaires Gorges de l'Enfer de la Vall de Laguar. Longtemps qu'on voulait la faire cette randonnée de légende...
Et elle ne va pas décevoir les 13 participants réunis autour de Georges et Juan, 5 femmes, Fabienne, Françoise, Jaja, Nelly et moi, et 8 hommes, Rémi, Jean-Luc et Manu son neveu, Hervé, Daniel, André le Belge et André le Suisse flanqué de sa chienne Basket, et bien sûr ma moitié Enrique, comme il s'est rebaptisé ici.
Attention... Ceci n'est pas une manif de gilets jaunes égarés en Espagne. Ni un peloton de maillots jaunes rêvant tous de franchir en tête la ligne d'arrivée de cette rando... Non. Ceci est un groupe de joyeux randonneurs qui s'apprêtent à affronter l'enfer des marches (surtout celles qui montent...) sous le cagnard d'une journée d'avril qui se croit au mois d'août...
Nous partons de Fleix, le village qui abrite la mairie commune aux 3 pueblos de la Vall de Laguar. Les 2 autres sont Campell à l'entrée de la vallée et Benimaurell tout en haut au col de Garga. Mais pour les habitants, aucun besoin de retenir ces noms. Ici il y a 3 pobles, celui d'en bas, de bax (éternuer baytch), celui du milieu, de mig (prononcer midge) et celui d'en haut, de dalt (à articuler comme ça s'écrit). Franchement plus simple, non?
Donc, nous voilà partis du mig...pour revenir au mig, c'est à dire au parking de Fleix, mais après une vraie partie de montagnes russes avec des bax et des dalt et surtout des remontées véritablement infernales... Tout ça pour ça!
Ça commence gentiment, tout en douceur...
... en queue leu leu bon enfant sur un terrain quasi à plat... Je crois même que l'un d'entre nous a poussé l'optimisme jusqu'à commencer à compter les marches!!!
Mais quand on voit ce qu'on voit en contrebas, on peut quand même se dire que ce coin ne s'appelle pas le Barranc de l'Infern pour rien... et arrêter de compter!
Pour l'heure, nous en sommes encore à admirer bouche bée les paysages stupéfiants...
... à nous extasier sur ces bâtisseurs de sentiers muletiers qui ont commencé par ériger des murs de soutènement avant d'en sculpter les marches dans la roche...
... à prendre des cours de géologie avec Georges, qui nous fait remarquer ces formations naturelles de grottes creusées dans la falaise et trouées par l'écoulement des eaux...
Nous aussi nous traversons la falaise...
Le cadre parfait pour une photo de groupe... Il est encore tôt, la grotte est fraîche, pour l'instant, nous n'avons fait que descendre et nous sommes tous au mieux de notre forme...
Jusqu'ici tout va bien. Bien sûr, il faut regarder où on met les pieds. Mais penser à lever le nez de temps en temps pour ne pas oublier les beautés qui nous entourent...
... ce curieux petit relief caché derrière un pin, qui semble jouer à David et Goliath avec la falaise d'en face...
... cette mémoire de chute d'eau transformée en cascade de végétation...
Et que dire de cette drôle de coexistence anachronique entre habitat préhistorique et trace d'avion joliment dessinée dans le ciel ? Que nos ancêtres cromagnons ne risquaient en tous cas pas d'y voir des chem trails... ou qu'il ne manque sur la photo que le monolithe de 2001 Odyssée de l'espace?
De marche en marche (on en est à combien déjà???), nous voilà arrivées dans le premier lit de rivière à sec, le Rio Girona...
Hélas, comme adore le dire George, avec un brin de sadisme parfois, tout ce qui a été descendu doit être remonté...
Et là, ça ne rigole plus... D'autant que si l'ombre était très généreuse pendant la descente, elle cède la place à un soleil de plus en plus brûlant dès le début de la montée. Qui n'en finit pas... Il faudra me croire sur parole, car je n'ai pas trouvé dans toutes les photos des participants la moindre image de cette montée, pas plus que des autres d'ailleurs. Monter ou photographier, il faut choisir...
Et pourtant, en cherchant bien, en voilà une... Il reste encore suffisamment d'énergie à Fabienne pour soulever les pierres du chemin!!! Dingue, non?
Ouf! nous voici presque arrivés au sommet... Il était temps!
Et voici le le hameau du milieu (juvees d'enmig).
Pas vraiment d'autre maison que celle-ci mais elle en vaut la peine...
Il paraît que nous n'avons fait qu'un tiers du chemin. Prochaine destination, le vrai Barranc del Infern...
Une belle descente, parfois dans des éboulis de géants
Bonne nouvelle, le sentier passe par la Font del Reinos, une source résurgente dont le mince filet d'eau ne tarit pas... Remplissage de gourdes obligatoire et général d'autant que c'est la seule source sur notre parcours... Pas de débits de bière non plus comme l'auraient souhaité certains dans leurs rêves les plus fous. Il fait soif!!!
Au moins, on ne risque pas de se perdre...
Et nous foulons le sol du deuxième Barranc, celui qui donne son nom à la randonnée. Le Barranc del Infern! Vous la sentez la chaleur de midi et quelque???
Histoire de faire durer le plaisir et de crapahuter encore un peu dans ce lit de rivière totalement chaotique...
...Georges nous offre un petit détour jusqu'aux vestiges d'un barrage un peu dérisoire face aux torrents qui de temps à autres doivent dévaler dans la gorge. Un barrage troué en plus, autant dire une écumoire!!!!
La deuxième montée jusqu'au hameau de Dalt est une vraie torture : jambes pesant une tonne chacune, bouche et gorge sèches, soleil de plomb, marches résolument hostiles et virages qui se succèdent sans pitié repoussant à chaque fois le sommet au virage suivant. A part un petit groupe de champions dont l'énergie reste intacte et qui caracole en tête, nous nous traînons lamentablement en tirant la langue le long d'une pente qui semble jamais ne devoir finir.
Le hameau de Dalt nous apparaît enfin et abrège d'autant plus nos souffrances que c'est l'heure du pique nique... Pas trop tôt!
Bon appétit... Perso, je ne dirais pas non à une petite sieste post prandiale...
Mais nous repartons sans attendre pour le Barranc de Racons et la remontée finale vers la Font d'Olbis. Dont vous ne verrez pas une seule image, la fatigue ayant eu raison des photographes et chacun ne pensant plus qu'à arriver au bout de cet enfer minéral grillé de soleil.
Quant à moi, j'ai à peu près retrouvé mon énergie après le repas pour mieux la perdre peu de temps avant l'arrivée, rattrapée par des débuts de crampes dans les cuisses. Merci Françoise pour tes mains magiques et tes massages experts de kiné...
Retour à la douceur végétale...
... à la fraîcheur des lavoirs ancestraux
Et merci au centre social de Benimaurell d'ouvrir sa buvette le mardi, jour de fermeture de tous les bars du village!!!
De mémoire de Basket, on n'avait pas vu une randonnée aussi épuisante et assoiffante!!!
Adios Barranc del Infern!!! Ses 6000 marches, 16 kilomètres, 850 mètres de dénivelé, 2 mig, 3 bax, 3 d'alt, le tout en un peu plus de 8 heures!!! C'était superbe et épique mais on reviendra quand il fera moins chaud....
A suivre... et bonne semaine!
Ici 1 degré ce matin...
Mais, j'ai chaud rien qu'à te lire! Quelle rando!!! Bravooooo !!!
Un vrai plaisir de vous suivre, effondré dans mon fauteuil. Merci !
Merciiiii Catherine 🤗🥰😘😘😘