top of page

Sur les routes et les sentiers du Rwanda (J10 et fin)

Mais où est donc passée la journée du vendredi 27 septembre ? Se demandent tous ceux qui suivent... Et il y en a sûrement un ou deux... Enfin, j'espère... Eh bien, c'est simple!!! La journée du 27 s'est bien déroulée entre celle du jeudi 26 et celle du samedi 28. Mais son épisode dans le blog est resté coincé entre le retour à presque 18 heures d'un safari photos épuisant sur piste moisie commencé à 7h30, et l'annonce d'un nouveau problème d'avion à l'aube du lendemain... Il est temps de boucher ce trou noir et de conclure ce blog... et ce voyage qui n'aurait pas existé sans l'ami Didier!



Longue journée et beaucoup de kilomètres donc sur pistes cahoteuses. Nous allons couvrir la partie est du parc, du sud jusqu'au nord, soit une distance équivalente à celle parcourue entre Kigali et l'entrée de l'Akagera la veille.



Les débuts sont décevants... Après la magie envoûtante et vertigineuse des forêts de Nyungwe et des Virungas, la savane arborée est plus austère et assez vide : les animaux y brillent surtout par leur absence...



ou alors, ils sont morts, comme ce buffle à l'arrière-train béant...



ou un peu plus loin un hippopotame subclaquant, sur un bord de lac comme celui-ci...



Nos premières rencontres vivantes sont à plumes et perchées : un vautour palmiste sur son acacia...



... des touracos masqués, planqués derrière des branches et qui finissent heureusement par prendre leur envol



et un aigle pêcheur à l'affût, tel soeur Anne...



Tiens!!! Une voiture comme la nôtre, au toit ouvert elle aussi... Et tiens!!! Un impala sur la piste...



... un mâle, pas farouche, accompagné de son ombre...



...et de sa bande de potes, pas timides eux non plus!



Les Cobes Defassa (ou waterbucks) gardent plus leurs distances, même les grands mâles...



... et les Damalisques (ou Topis), qui ont mis du temps à apparaître dans le paysage, surgissent maintenant à chaque coin de piste ou d'arbre.



... comme les zèbres de Burchell qui rayent de plus en plus la savane.



La matinée avance. Il commence à faire chaud. Les animaux choisissent de s'abriter à l'ombre, comme ce groupe d'impalas avec petits...



Il est temps de faire une pause pipi café (plus que temps en ce qui me concerne pour le premier...). On est pas bien, là, Didier??? Détendu du... short. Confortablement installés, ta coloc et toi, sur ce magnifique ensemble fauteuils table basse en pneus...



Un modèle de toooooute beauté, idéal pour un petit roupillon!



Personnellement, je préfère ces tables et bancs sous leurs toiles légères. C'est d'ailleurs là que nous avons savouré notre café, en admirant, sans la photographier hélas, une sentinelle à gorge jaune qui montait la garde au sol.



Un bon dessin vaut parfois mieux qu'une photo ratée, surtout si on le trouve sur Google...



La pie grièche, en revanche, est au rendez-vous (et même au garde à vous) devant l'objectif d'Henri-Claude...


Et voilà mon oiseau préféré, le rollier longs brins, ou rollier à gorge lilas, que nous avons découvert il y a bien longtemps avec les enfants, en Afrique australe, sous le nom de lilac breasted roller, aux couleurs aussi délicates...



... que les couilles de ce vervet, d'un joli turquoise tendre...



La matinée s'achève, et mis à part le buffle mort, les stars de la brousse, en un mot comme en deux ou en cinq, les big five, nous échappent... Mais une rumeur court la savane, propagée par les chauffeurs des 4X4 que nous croisons ou que nous doublons : des lions auraient été aperçus un peu plus loin...

Et enfin, les voilà... Présents sans l'être vraiment, car ils dorment profondément, sans doute repus et fatigués par leur dernière chasse.



Au fur et à mesure que l'ombre des acacias livre ses secrets, nous comptons 1 lion et 5 lionnes, répartis entre 3 arbres et abandonnés au sommeil. Seule l'absence de prédateurs permet de dormir à ce point sur ses deux oreilles dans la savane... Et même parfois sur le dos, comme un gros chat... mais sans ronronner : il n'y a que les guépards et les petits félins qui ronronnent. Le lion, comme le léopard, rugissent... Hélas, pas de guépards dans ce parc et même en scrutant tous les arbres, nous ne verrons aucun des quelques léopard recensés...



Salut les phacos. !!! Celui-là est seul et en pleine génuflexion pour pouvoir fouiller la terre avec son groin. Les autres trottent avec leur petite famille, manman et un ou deux petits...



Scène étonnante de deux girafes, mâles et concurrents sans doute, qui se battent en s'assénant de grands coups de cous!!! Aïe!!! Ouille!!!



Et alors??? Ça vous pose un problème???



Pause picnic, là où c'est indiqué (on est discipliné au Rwanda) au milieu d'une immense plaine où des troupeaux de buffles (et de 2 pour les big five vivants!) cohabitent avec des cobes defassa, des damalisques, des grues couronnées, des hérons, des aigrettes et des ratons-laveurs (non, pas de ratons laveurs aux dernières nouvelles...).



Et nous, nous faisons table commune avec une belle mouche verte. Ce qui vaut mieux qu'une mouche tsétsé : il y en a beaucoup par ici comme en témoignent les nombreux pièges à mouches tsétsé en toile bleue empoisonnée, un bleu qui les attire irrésistiblement, comme la petite bouteille pleine d'urine de vache cachée derrière... Pas de pitié pour les mouches tsétsé!!!!! Celle-ci n'en est pas une. Ce n'est d'ailleurs pas une mouche, mais une "guêpe coucou". Coucou la guêpe!!!!



Et nos aventuriers, le ventre plein et plus déterminés que jamais, reprennent la route du retour vers le sud, armés de leurs jumelles (et peut-être pas seulement de jumelles : la photo en contre plongée, sans doute prise involontairement, donne à Jean-Marc, sous son chapeau et ses lunettes noires, et avec le holster qu'on devine, un petit air de tueur dans un film des années 80).



Aurons-nous la chance de compléter notre tableau de chasse avec des rhinos, des éléphants et, mieux encore, un léopard cet après-midi?

Les rhinocéros sont les premiers à répondre à l'appel. Un noir d'abord avec son petit, en plein déjeuner de feuilles...



La mère se rapproche, junior sur ses pas. Parmi les différences entre rhino noir et blanc, Didier nous a appris que chez le premier, la mère se déplaçait toujours devant son petit, alors que c'est l'inverse chez le rhinocéros blanc. Incroyable...



Nous ne pourrons pas vérifier l'info un peu plus loin, quand nous surprendrons un grand rhinocéros blanc juste au bord de la piste. Il broute en solitaire... Peut-être est-ce un mâle d'ailleurs?



... qui tourne assez vite les talons...



Les éléphants se sont fait désirer. Mais les voilà enfin... Un grand groupe, hélas en partie bien caché sous le couvert, et dont seuls quelques individus sont suffisamment à proximité pour être photographiés. Un éléphant, ça déboise énormément, mais plutôt lentement. Et nous n'avons plus le temps d'attendre. Nous somme encore loin du lodge et Magnifique ne veut pas se laisser surprendre par la nuit... Il faut y aller!



Cette pintade se dépêche aussi. Elle a dû perdre son groupe de copines. D'habitude, il y en a derrière tous les buissons et en bande. Mais c'est notre seule pintade de la journée...



Dernière belle image de fin d'après-midi, dans la lumière préférée des photographes, celle d'un bord de lac où broutent paisiblement et de conserve, un hippopotame, des damalisques et peut-être quelques cobes defassa.



Nous ne sommes pas fâchés d'être rentrés, sans savoir, Henri-Claude et moi, que notre journée du lendemain sera plutôt une quête de vol retour qu'un dernier safari photo. Et que nous raterons des éléphants plus visibles, que je vous ai glissés dans le dernier post. Et des lions plus réveillés et même plus actifs comme cette lionne (un peu floue car prise sur une vidéo) qui s'invite sur la carcasse du buffle mort vu la veille.



Nous nous contenterons de quelques singes à domicile...



... et de ce serpent vert dont je vous ai narré la rencontre, exactement comme sur cette photo empruntée à Google, un Philothamnus, si l'on en croit Wikipédia, un serpent vert arboricole de la famille des couleuvres, donc a priori inoffensif, sauf pour les cardiaques sur lesquels il tombe des arbres ou des garde-corps...



Et voilà!!! À force, le soleil se lève déjà sur le dimanche 29 septembre. Il va être temps pour ce voyage de se terminer...


Henri-Claude fait ses adieux à l'équipe du Ruzizi Lodge, toute entière réunie autour de lui, après ces 3 jours où il les a bien fait rire...



Toute entière? Non... Mais là oui. Quel succès!!! Quels adieux chaleureux!!! Quelle équipe !!! Quelque chose me dit que nos commandes foutraques et confuses de petits déjeuners, piques-niques et dîners vont peut-être leur manquer... En tous cas, ils n'ont pas l'air de nous en vouloir...



En route pour Kigali. Adieu latérite, nous n'allons plus quitter le goudron...



Direction le Mémorial du Génocide, une visite incontournable dans ce pays aujourd'hui étonnant de douceur, de sérénité, de sens de l'intérêt collectif et de concorde, où, il y a eu 30 ans en avril et pendant les 100 jours qui ont suivi (et quelques années encore), un million de Tutsis (et quelques Hutus modérés) ont été massacrés juste à cause de ce qu'ils étaient. Sans que la communauté internationale, dans sa grande majorité, ne s'émeuve suffisamment pour faire cesser le carnage. Les Nations Unies n'ont même pas hésité une seconde à réduire leur contingent de casques bleus...

Cette jolie maison blanche raconte avec une grande intelligence et sans complaisance l'histoire de ce cauchemar, les causes qui y ont inexorablement conduit depuis le début du 20ème siècle et la façon dont le Rwanda a géré l'après génocide en refusant d'entrer dans la spirale de la vengeance et de la violence, sans oublier ou nier ce qui s'était passé mais en faisant tout pour créer un sentiment d'appartenance commune au pays et renforcer les liens sociaux. Le tout ponctué de salle en salle par les témoignages dignes et poignants des survivants dont certains ont assisté en direct au massacre de leur famille ou de leurs proches.



Les fosses communes qui occupent la plus grande surface des jardins en font aussi un lieu de mémoire et de recueillement pour les survivants. Des tombes collectives où des ossements continuent d'être amenés au fur et à mesure qu'ils sont exhumés des endroits où les corps avaient été sommairement enterrées par leurs assassins. Soit parce que ces derniers décident de se repentir et de révéler leur emplacement, soit parce que les familles et les survivants poursuivent inlassablement leurs recherches et réussissent à retrouver les ossements. Tout le pays est un ossuaire.



Et la liste des noms des victimes s'allonge lentement mais sûrement. Il reste hélas beaucoup de place sur les murs du souvenir du million de morts du génocide.



On sort secoués, et pas fiers de nous... La Belgique et la France n'ont vraiment pas eu le beau rôle, dans toute la genèse du processus de haine et du génocide pour les premiers, et juste avant, pendant et après les massacres pour nous, français...

Pour ceux qui veulent en savoir plus, lisez Gaël Faye, son "Petit pays" et, tout récemment "Jacaranda". Et sur les conseils de Jean-Marc, que je vais suivre, "La Traversée" de Patrick de Saint Exupéry...


Le voyage est fini... Kigali, la forêt de Nyungwe, ses chimpanzés et sa canopée, le lac Kivu, Kibuye avec ses chauve-souris et Gisenyi où nous nous sommes baignés dans le lac Kivu, le Parc National des Volcans et l'incursion en Ouganda à la rencontre des gorilles du Muhabura, le retour à Kinigi près de Ruhungeri et la montée à la tombe de Dian Fossey, et enfin, via Kigali, l'incursion de 3 jours dans l'Akagera, près de la Tanzanie.



C'était top! C'est sûr, on a trop mangé et on a bien ri, un peu râlé (surtout Didier), pas trop renversé de bouteilles de vin ou de verres de bières pour Jean-Marc (enfin, pas plus que d'habitude), tous bien marché, même ceux qui allaient un peu moins vite que les autres, beaucoup parlé technique photo (un peu trop même) pour Henri-Claude et Didier, mais aussi photographié, filmé, blogué et blagué... et tout bien aimé...



Nous avons partagé de bons moments. D’ailleurs c’est un voyage  où nous avons tout partagé. 

Même une chambre pour Isabelle et Didier, dont l’histoire ne dit pas qui ronfle le plus fort… on sait seulement qu’il y en a un qui a le sommeil plus léger que l’autre, puisqu’il a fallu un combat homérique d’hippopotames sous leurs fenêtres pour réveiller Isabelle! 

Même des photos de famille avec la jeune femme du bureau de change le premier jour pour Henri-Claude. Et plus ça l’intéressait (la préposée), plus il racontait notre vie et celle de la famille, photos à l’appui! Vous comprenez maintenant pourquoi on a mis si longtemps à changer nos euros en francs Rwandais??? 

Même le courage et la détermination dans les moments stressants. Au milieu de la canopée quand ceux qui continuaient à avancer en toute décontraction ont permis à celles qui auraient été tentées de s’asseoir et d’éclater en sanglots (il paraît que ça arrive de temps en temps sur la passerelle), de serrer les dents et de surfer sur leur vague de panique perso… Ou plus tard, sous les arbres de l’île Napoléon, dont les branches pas bien hautes bruissaient et grouillaient de milliers de chauves-souris, quand nous avons tous continué calmement à grimper la pente sans  nous mettre à courir, même ceux qui se voyaient déjà condamnés à une contamination ou une vampirisation inéluctables!!! 

Même et surtout, l’émotion incroyable et le bonheur de la rencontre originelle qui nous a tous submergés lorsque le premier gorille, un grand dos argenté, est apparu devant nous au milieu des bambous de la forêt du volcan Muhabura. Et que nous avons partagé la vie de ce groupe pendant un moment...



Même et enfin, le plaisir de découvrir et de trouver ensemble les clés de compréhension de ce pays bluffant, auquel on souhaite le meilleur, en espérant que sa quête bien compréhensible de sécurité et de perfection sociale ne le conduise jamais à emprunter des chemins trop autoritaires… On aimerait bien revenir un jour!!!! Merci de ton aide Magnifique! Et désolés de t’avoir demandé le premier jour si tu étais Tutsi ou Hutu! C'est une question hors sujet aujourd'hui... Tu es rwandais!!!



Et vive Rwandair qui nous a acheminés, Henri-Claude et moi jusqu'à Nairobi, à temps pour prendre notre vol Air France... Ce n'était pas gagné car nous avions les mêmes sièges 7A et 7B que 2 autres passagers. Heureusement qu'il restait de la place. Un peu plus, on voyageait en soute........



Allez salut!!! Clap de fin et à suivre!!!


1 Comment


cbailliez
Oct 02

Merci pour ce beau récit et le partage de ces moments merveilleux que vous avez vécus sans oublier les magnifiques photos d’Henri Claude.

Like
bottom of page