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Sur les routes et les sentiers du Rwanda (J2)

Ouf! Il ne pleut pas!!! Ou plutôt il ne pleut plus car la soirée et la nuit dernières ont été sacrément arrosées… La deuxième saison des pluies ne commence théoriquement qu’en octobre. Mais dans cette région de forêt pluviale, il ne faut jamais s’attendre à une extrême sécheresse.  

Donc nous voilà tous debout à 4:30 du matin, équipés de pied en cap, pantalon, chemise manches longues, chaussettes ou guêtres enfermant le bas des pantalons, gants, cape de pluie et jumelles dans le sac à dos et panoplie de boîtiers et objectifs photo prêts à mitrailler… À nous la forêt de Nyungwe et ses chimpanzés!!!! Et gare aux moustiques, aux tiques et aux fourmis…



Mais nous n'en sommes pas encore là. Il faut d'abord nous farcir une longue approche en voiture sur une piste un peu défoncée (ah quand même!!! il n’y a pas que des routes parfaitement asphaltées dans ce pays!!!) au milieu des champs de thé qui sortent peu à peu de la brume pour se laisser photographier.



Les villages se réveillent et s’animent sur notre passage. 



Paul, le guide anglophone qui nous accompagne depuis l'hôtel, nous a briefés : même si le parc naturel compte aujourd'hui 2010 chimpanzés au total, ils ne sont que 85 dans la zone où nous allons évoluer, éparpillés dans la journée en petits groupes familiaux pour chercher leur nourriture. Et il a conclu : "I'm saying that we are going to look for them, I'm not saying that we are going to find them...". Nous voilà prévenus, le parc n'est pas un zoo...

C'est parti pour la quête des chimpanzés...



en bouffant la pente derrière des pisteurs qui font du hors-piste et débroussaillent allègrement à la machette.



Il faut dire que la forêt est sacrément dense tout autour et au dessus de nous. Mais nous y croyons, car elle se remplit tout d'un coup de cris qui nous font dresser les poils et nous galvanisent : les chimpanzés vocalisent à fond et ils semblent tout près!!!



Oups!!! Encore plus qu'on ne le pensait. Trois d'entre eux surgissent sur le sentier juste devant nous, ne laissant même pas le temps à Henri-Claude de brandir son appareil sur les 2 premiers. Alors, faire le point sur le 3ème, avant de le voir disparaître dans les fourrés, même pas en rêve!!!!!!!! N'est pas photographe animalier qui veut et il faudra vous contenter de les voir à distance dans les arbres...



... lorsqu'un peu plus loin, nous en retrouverons, guidés par leurs cris et les pisteurs. Perchés, ils sont plus tranquilles et laissent le temps aux photographes amateurs de faire des photos. Celle de cette mère et de son petit par exemple...



...ou celle-ci encore plus réussie où ce chimpanzé semble vouloir nous montrer quelque chose. À moins qu'on ne soit pas passés loin du doigt d'honneur...



Ceux-là sont finalement redescendus de leur arbre et, une fois au sol, ont purement et simplement disparu des écrans radars, ne laissant aucune trace derrière aux.



Il faut repartir en chasse, et descendre pendant un long moment sur un mini sentier et un terrain plein de pièges, entre souches, grands fromagers, ronces agressives, tapis de feuilles glissantes et branches traîtresses, le tout au pas de course derrière un des pisteurs particulièrement pressé. Juste le temps de s'arrêter 2 fois. La première pour laisser passer un groupe de 3 adultes qu'il a repérés dans les buissons environnants et qui traversent rapidement devant nous avant de se faire à nouveau engloutir par la forêt. La seconde pour descendre un talus qui nous ramène sur un chemin plus large. Prudemment... car gaffe, ça glisse!!!!



Enfin, un peu plus loin, nous découvrons notre dernier groupe de deux chimpanzés adultes, attablés sur un grand arbre où ils semblent avoir décidé de passer une bonne partie de la matinée...



... un brin à contrejour et en ombres chinoises. Heureusement qu'Henri-Claude a sorti le grand jeu et son 500!!! Il y aura au moins une photo réussie...



La traque est finie. Nous n'avons pas seulement cherché les chimpanzés, nous les avons trouvés. On peut ralentir le pas, enlever les gants, se poser...



... savourer l'instant...



... et remercier les pisteurs en partageant avec eux notre petit-déjeuner-pique-nique trop copieux de toutes façons... Il y aura aussi de beaux pourboires pour eux et pour les porteurs d'objectifs et de sacs à dos photos...



Plus qu'à remonter la pente que nous avons descendue, rejoindre la piste et notre véhicule qui nous attend un peu plus haut. Au passage, nous croisons quelques groupes, humains ceux-là, et plus faciles à photographier que les chimpanzés. Plus souriants aussi...



Et pourtant la charge doit être sacrément lourde! Ce qu'on transporte le plus sur la tête par ici, ce sont les régimes de grosses bananes vertes et les ananas... Nous n'avons pas goûté les grosses bananes vertes. Mais les ananas de Rwanda sont une pure tuerie!!!!!



Retour à travers les grandes plantations de thé, mieux éclairées que de bon matin...



... et mille fois plus photogéniques!



Nous sommes debout depuis 4h et quelques du matin, il est environ 11 heures et dans la voiture, malgré les cahots de la piste...



... tout le monde dort. Sauf Magnifique qui conduit et Henri-Claude qui vient de se réveiller et prend la photo!



Juste le temps de récupérer et de déjeuner au TopView Hill Hotel et nous repartons pour une nouvelle après-midi sportive, dans et au dessus de la forêt pluviale de Nyungwe. Le frisson de la jungle et les émotions de la canopée nous y attendent...



Boniface aussi, notre guide francophone et le Igishigishigi Trail (sentier des fougères arborescentes), une boucle d'un peu plus de 2 kilomètres qui nous conduit en bas dans la forêt, emprunte une passerelle de 170 mètres, la canopée, avant de remonter ce qui a été descendu, soit 250 mètres de dénivelé.


Autour de nous, la forêt à l'état brut, une nature des origines, la planète des singes comme si vous y étiez... et des igishigishigi à l'arborescence flamboyante et sauvage...



...un petit écureuil trop chou, tellement occupé par son repas de verdure qu'il ne nous calcule même pas...



... et nous, encore fringants et inconscient de ce qui nous attend un peu plus loin...



... j'ai nommé le Nyungwe National Park Canopy Walkway, une passerelle métallique suspendue au dessus de la forêt, formée de 3 ponts dont le plus important atteint presque 90 mètres de long et culmine à 70 mètres de hauteur...



Le premier pont n'est ni trop long ni trop impressionnant. C'est une mise en bouche, en pente douce, qui se franchit un par un et sans véritable difficulté... Ça bouge bien un peu, le couloir est étroit, mais le sol ne semble pas très loin et il suffit de bien se tenir aux 2 rampes métalliques de part et d'autre pour ne pas se sentir en danger.



Et même si le tonnerre gronde et que les éclairs ne sont pas loin, on se dit que ça pourrait être pire, qu'on pourrait par exemple être au milieu d'une forêt ou sur une structure métallique... et on sourit pour la photo de groupe...



On va même jusqu'à fanfaronner...



... ou jouer les gravures de mode...



... jusqu'à ce que la réalité de la longueur de la passerelle, de sa largeur ridicule, de la hauteur à laquelle elle se trouve et de sa tendance à remuer de plus en plus nous rattrape... Et là..........

Oui, c'est LÀ justement, à ce point et à cet instant précis, que la conscience du vide et la panique qui va avec me sont d'un seul coup tombées dessus. Pas d'autre ressource alors que d'enclencher le mode automatique et la respiration, un pas j'inspire, 2 pas j'expire...



... et de recommencer jusqu'au bout... de la passerelle et de ma vie!



Pas la seule visiblement dans cet état et à le gérer avec ses propres moyens. Une mention spéciale tout de même pour Gabrielle, qui est allée chercher l'inspiration chez un poète iranien du 12 ème siècle (Omar Khayyam pour ne pas le nommer) dont elle s'est récitée tout au long de ces 90 mètres les vers suivants : "Ta vie est comme un pont tendu entre deux vides Tu n'as pas de limites Au milieu tu n'es rien". Respect Gabrielle!!! D'autant qu'à titre perso, ça m'aurait plutôt coupé les jambes...



Isabelle semble plutôt avoir choisi la technique du si-je-souris-c'est-que-tout-va-bien-et-qu'il-ne-peut-rien-m'arriver. C'est bon Isabelle, tu peux décoincer les mâchoires et fermer la bouche, tu es arrivée !!!



Le dernier tronçon bouge beaucoup mais c'est une rigolade en comparaison de cette traversée du désert vide... Pas question d'y lambiner en plus... Tous ces gens qui ont fait la boucle dans l'autre sens, attendent pour passer à leur tour. C'est une journée portes ouvertes organisée par le parc national pour les habitants du village voisin qui les réunit ici...



et ils font sagement la queue, excités et un peu nerveux tout de même...


Henri-Claude en profite pour prolonger sa tournée électorale au Rwanda...



et pour immortaliser ce groupe de femmes avec bébé et fillette... Elles vont passer aussi là-haut avec leurs bambins dans les bras (moooooooon Dieu!!!)



Et tandis que les villageois traversent à leur tour (moooooooooooon Dieu!!!)



... nous reprenons vaillamment le chemin du retour vers le haut...



... avec pour seul évènement notable, la rencontre de ce Cercopithèque de l'Hoesti, tranquillement assis au dessus du sentier et de nos têtes.



Sur ce, le Nyungwe National Park, Jean-Marc et moi vous saluons jusqu'au prochain épisode.



Demain, vendredi 20 septembre, c'est à dire aujourd'hui nous amènera sur les bords du lac Kivu (s'il n'y a pas une minute de décalage horaire entre le Rwanda et la France, la Belgique ou l'Espagne, ce blog accuse pour l'instant une journée de retard sur le temps qui passe).

À suivre... et vive les chimpanzés et les passerelles (et réciproquement)!

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