Sur les routes et les sentiers du Rwanda (J3 et J4)

Vendredi 20 septembre, départ vers le lac Kivu au bord duquel nous dormirons ce soir, en face de la République Démocratique du Congo. La voiture est chargée à bloc.

Bye bye les plantations de thé des hautes collines. À nous les cultures plus tropicales et de plaine. Et pourtant l’altitude varie assez peu : 2500 mètres au plus haut, un peu plus de 2000 au bord du lac. Ocre foncé et nuancier de verts sont décidément les couleurs dominantes du Rwanda. Chaque colline décline sa propre palette. Plus ou moins de maisons, de terres cultivées ou en jachère, de bananiers, d’eucalyptus. Partout des cultures en terrasses. Et dans les plaines, le vert tendre des rizières dans lesquelles les paysans travaillent dos courbé. Seule l’absence de chapeaux pointus nous confirme que nous ne sommes pas en Asie. Sinon, l’illusion serait parfaite. 

Confirmé!!! Nous sommes bien toujours en Afrique...

Voici notre première plantation de café.

… et, petit bonheur, le coffee shop qui va avec... À 10 heures et quelques, ça ne pourrait pas mieux tomber!

Je ne sais pas si je vous ai déjà parlé de la qualité et du goût du café dans ce pays. Une variété d’arabica qui combine avec bonheur douceur et saveur. Un vrai délice!!! Pourtant les rwandais, Magnifique excepté, en boivent très peu (ils préfèrent le thé) et exportent la plus grande partie de leur production. Ils ne savent pas ce qu’ils perdent. Nous, on adoooooooore...

La cérémonie du café est moins exotique et plus technologique qu’en Éthiopie mais elle présente quelques curiosités. Comme la pesée de la dose de café sur une vraie balance électronique...

... et le testing par la serveuse qui, avant de servir la tasse, prélève une goutte de café sur une petite cuillère dont elle aspire le contenu entre ses dents serrées sans la faire entrer dans la bouche. Dingue, non?

Comme un bonheur n'arrive jamais seul, l'école communale est juste à côté... et les gamins sont justement en pleine récréation...

Aussitôt le centre d'intérêt de la cour se déplace pour un accueil enfantin et chantant. "Goudeu moooorning! Goudeu moooorning!" que nous reprenons en choeur " Goudeu moooorning!...." Ancienne colonie belge, le nouveau Rwanda a choisi d'adopter de préférence l'anglais comme langue commune et l'éducation se fait dans cette langue. Résultat, si beaucoup de rwandais parlent encore le français et s'appellent Boniface, Paul, Fabien..., les jeunes sont de plus en plus anglophones.

Allez, vous reprendrez bien encore une petite tasse de café (comme Henri-Claude pour le plaisir de voir sa copine en siffler une goutte entre ses dents) et une dernière vue sur la plantation et les surtout les claies sur lesquelles on le fait sécher à une saison qui n'est visiblement pas celle-ci...

Et à cheval!!! Il faut rejoindre la ville de Kibuye dans le district de Karongi où notre hôtel nous attend.

Le lac Kivu apparaît et disparaît régulièrement au gré des virages de la route et de sa propre fantaisie. Un lac de sinistre réputation dont les berges partagées entre le Rwanda et la RDC ont été le théâtre de nombreux affrontements armés côté Congo et d’épisodes sanglants du génocide de ce côté. Et pour couronner le tout, un lac méromictique (vous chercherez la définition...), cachant des nappes de gaz toxique (de méthane) dans ses profondeurs (qui atteignent parfois plus de 400 mètres).

Et pourtant si beau et si paisible vu d’ici qu’on lui donnerait le bon dieu sans confession… Sans compter l'architecture de quelques uns de ses hôtels (le Kivu Breeze pour ne pas le nommer) qui lui donnent un petit air de Bavière... Décidément le Rwanda est un pays transformiste!!!!

Ouf! L'hôtel Cormoran Lodge nous ramène directement en Afrique tropicale. C'est que je n'avais pas prévu de passer mes vacances en Allemagne, moi!!!

Des fleurs et une végétation luxuriante partout... Billbergia...

Rose de porcelaine...

Heliconia rostrata...

Hibiscus blanc, mais aussi rose ou rouge...

Fleur des îles... Je rigole... (cette photo n'avait pour seul seul but que de souligner à quel point cette chambre et ce lit n'attendaient que moi...)

Mais il n'y a pas que de belles plantes par ici. Le jardin est littéralement plein d'oiseaux, comme ce petit barbican affairé sur son palmier...

ou ce suimanga qui balance ses jolies couleurs sur une branche...

avant d'aller butiner ailleurs, comme son collègue sur cet arbre à soie...

Henri-Claude et Didier sont comme fous. Tous objectifs dehors, ils mitraillent, comparent leurs résultats, s'auto-congratulent ou se critiquent et se conseillent... Et tout ça depuis la terrasse du restaurant d'où la photo est prise ou de celle de notre chambre en haut à droite de l'image.

Moins exotique mais si touchant, à un mètre de nous, un bébé martinet se prépare à voler...

Allez hop, on y croit!!!

Ho hisse!!!!

Ah zut!!! Je le sens pas. Et en plus y'a un truc qui me gratte. Je recommencerai demain...

Nous, cet après-midi, on a bateau sur le lac Kivu...

... avec Éric, notre guide anglophone cette fois...

Regardez comme elles sont belles mes nouvelles Scarpa! Dit Jean-Marc qui a mis des chaussures de marche pour faire du bateau...

Et moi ma belle casquette et ma tenue de camouflage, elles sont pas belles peut-être? Bon, les gars, on va juste faire un tour en bateau, pas un shooting pour Décathlon...

Notre objectif, l'île Napoléon, dont on se demande bien pourquoi elle a été baptisée comme ça...

Les cormorans nous regardent passer, blasés...

Ce qui n'est pas le cas des canards, visiblement dérangés par le bruit du moteur...

Quant à ce vervet, il faut qu'Éric lui envoie des morceaux de banane pour qu'il daigne s'approcher et se laisser photographier...

Notre objectif est atteint. Quels oiseaux allons-nous découvrir sur l'île bicorne? Les arbres devant nous bruissent déjà...

Au fur et à mesure que nous grimpons sous le couvert forestier, le volume sonore lui aussi augmente. On dirait des milliers de cigales qui crissent et sifflent de plus en plus fort. Isabelle commence à s'inquiéter... Ce ne serait pas...???

SI!!!!!! Des centaines, peut-être des milliers de chauves-souris accrochées dans les branches, réveillées par notre arrivée, qui protestent, grognent, expriment bruyamment leur stress et font monter le nôtre. Pas moyen d'éviter leur proximité. Les arbres qui nous recouvrent en sont couverts.

Elles sont pourtant mignonnes ces petites bêtes... Seules...

... par deux...

... ou par quatre ou cinq...

C'est vrai, ce ne sont pas des reines de beauté. Et en plus de leur sale gueule et de tous les cauchemars qu'elles réveillent, elles ont la sale réputation de véhiculer toutes sortes de maladies. Mais on est chez elles. D'ailleurs mettez-vous un peu à leur place. Et imaginez leur terreur en voyant passer des monstres humains la tête en bas...

Allez! C'est fini! Les arbres ne montent pas jusqu'au sommet de l'île et nous pourrons redescendre par un autre sentier en lisière de forêt.

Nous avons survécu à l'épreuve des chauves-souris!!! N'empêche, tu t'étais bien gardé de nous prévenir, Magnifique... J'en connais qui, sinon, ne seraient pas sortis du bateau!!!

Ç'aurait été dommage de manquer cette vue du sommet sur les côtes du Congo en face et les 2 petits bateaux noirs qui naviguent sur la partie droite de la photo : chaque vendredi, jour de marché à Kibuye, des congolais viennent y acheter des poules, des chèvres et même des vaches qu'ils ramènent de l'autre côté du lac pour les vendre en RDC.

Il faut rentrer, le temps se gâte, et nous partons au bon moment pour éviter d'être encore sur l'île quand le déluge auquel nous échappions depuis notre arrivée se déchaîne. Et nous rentrons trempés à l'hôtel sous une pluie battante qui continuera à tomber encore plusieurs heures ...

C'est aussi ce que nous prédisait la météo pour aujourd'hui samedi 21 septembre. Mais ce n'est que maintenant alors que je termine ce blog avant d'aller me coucher que la prédiction se réalise. Car il a fait plutôt beau au cours de cette journée globalement peu mémorable, entre Kibuye et Gisenyi...

Nous y avons très agréablement petit déjeuné à l'Hôtel Cormoran...

... que nous avons quitté la mort dans l'âme en laissant je crois de bons souvenirs aux porteurs (un trop bon souvenir d'après Didier...)

Nous y avons aimé les toujours spectaculaires plantations de thé (Henri-Claude, n'en fais pas trop tout de même...)

photographié des enfants...

photographié des enfants (je l'ai déjà dit, çà, non? mais on en a photographié beaucoup...)

des femmes aussi...

On a failli faire des centaines de photos sur un marché, mais on ne s'est pas arrêtés, du coup, la moisson est réduite...

... mais de qualité...

On s'est installés pour une nuit au Kivu Paradis, qui, à part celui des touristes...

... est aussi celui des lézards, le scinque jaune et doré...

... et l'agame des colons, femelle et mimétique...

... et son mâle, haut en couleurs et long en queue (cette photo n'en finit pas...).

J'ai essayé la trottinette congolaise, mais je ne l'ai pas adoptée...

Nous avons regardé un ibis hagedash hésiter à se baigner dans une piscine de grand hôtel

Et nous n'avons pas hésité à nous baigner dans le lac Kivu malgré son méthane (qui nous garantit au moins l'absence de tout crocodile...)

La preuve...

On se serait crus à la plage... Et pourquoi pas????

Nous avons côtoyé la triste réalité de "la grande barrière" de Gisenyi, ville frontière avec Goma au Congo, qui tente, sans y parvenir de gérer les flux de population entre les 2 pays...

et à moins d'1 kilomètre de là, la réalité plus joyeuse des fêtes de mariages du samedi dans la bonne société rwandaise (parmi laquelle de riches congolais viennent paraît-il passer leurs week-ends pour jouir de la tranquillité et de la qualité de vie du pays).

Nous avons trié les photos et blogué devant le lac...

... où d'autres travaillaient encore

et nous avons admiré le soleil se coucher pour une fois sans la pluie du soir...

Bref, une journée ordinaire pour des touristes en Afrique...

Demain, nous quittons temporairement le Rwanda pour l'Ouganda. Et demain sera vraiment demain pour la première fois dans ce blog.

A suivre......