Sur les sentiers d'Alcalá de la Jovada

Mardi 18 février, l'Uftm randonneuse part en goguette à la montagne pour 2 jours. La Font d'Alcalá, un hôtel dont le charme se combine avec une capacité d'accueil rarissime dans la région (21 chambres!!!), nous a fourni le cadre et le prétexte pour cette échappée belle dans le Vall d'Alcalá et le massif de la Serrella. Au programme des réjouissances, outre une nuit douillette et gourmande, deux randos engagées, deux modérées, un pique-nique, deux restaurants d'arrière pays, une grotte antediluvienne et un moulin à huile. Pas de raton-laveur (a priori!) mais 39 participants, la plupart randonneurs, quelques cyclistes et un conjoint en quête de tranquillité et de bonne chère.

Engagez-vous, rengagez-vous, qu'y disaient. Nous devrions être 16 randonneurs de l'extrême (ou presque, faut quand même pas exagérer...) à répondre à l'appel ce matin : Daniel, Françoise et sa fille Blanche, qui ne viennent que pour la journée, Jean-Marc et Pascale, Michel et Anne, Rémi, Bernard et Nathalie, Christine, Hervé et Marina, James, Henri-Claude et moi. Prêts à partir pour les 905 mètres de la cime de Xarpolar et le château d'Al Azraq, la figure tutélaire et néanmoins maure de ce village d'Alcalá et de la vallée voisine de la Gallinera.

Tandis que 15 moderato cantabile (ma non troppo) s'apprêtent à prendre la route plus sage des puits de neige : Olivier et Pascaline, Michel et Muriel, Marie-Odile, Patrice et Danie S., Nadine, Patrice et Monique L.M., Robert, Philippe et Monique S., et leurs guides, Bernard et Marie, portés disparus depuis octobre et enfin exfiltrés de Belgique!!!

Photo de groupe en vrac (et avec ouvrier municipal...) avant le départ.

Contrairement à ce qui était prévu, tout le monde est finalement arrivé en même temps. La faute (ou grace) à un camion monumental, littéralement coincé sur la toute petite route touristique par laquelle nous avions choisi de passer. Et à la guardia civil, intraitable, qui nous a obligé à faire demi-tour 10 km avant l'arrivée et à en reprendre pour 45 minutes de trajet... Ballot!!! Tu vois Henri-Claude, même en y passant tes journées et tes nuits, tu ne peux pas pour prévoir...

Du coup, il est au moins 10 heures, inertie de groupe comprise, quand l'immobilisme (que rien ne pourra arrêter) se met en marche. Notre belle unité se fissure. Les Bernard's boys and girls partent de leur côté.

Sans Robert qui a choisi de tourner le dos à la modération pour s'engager dans la bande à Henri-Claude. Il est comme ça Robert... Enfin... pas tout à fait. Ce que vous voyez là, c'est une métaphore de Robert en route vers l'aventure et les montagnes au fond. La suite dira s'il a bien fait...

Mais avec Christine, qui, elle, a décidé de randonner avec modération pour une fois. Décidément, tout fout le camp... Allez les engagé(e)s, et allez les Bleues!!! Sous un ciel qui termine son petit ménage matinal...

La campagne fleurie nous donne des ailes...

Et les taureaux du coin n'ont qu'à bien se tenir. Fausse alerte... Il n'y en a pas la queue d'un cette fois. C'est juste Bernard qui s'enlève une couche.

Les choses sérieuses commencent... doucement mais sûrement.

Comme dit le dicton, randonneurs au balcon, Pâques au tison. Non, je rigole... Enfin, j'espère que non...

Venez plutôt voir comme c'est joli de l'autre côté semble dire le doigt de Nathalie... La Vall de la Gallinera nous dévoile ses splendeurs et l'un de ses joyaux, Alpatro.

Deux autres de ses 8 villages sont aussi dans le champ, Llombai et Benissili. Mais seule leur vision lointaine est au programme de la journée. Nous, on va au château d'Al-Azraq que l'on devine planté tout à fait à gauche de la photo. En route, l'armée des ombres, suivez-nous...

Ce n'est pas parce que le ciel était plus bleu jeudi dernier, lors de la reco où a été prise cette photo, que nous allons changer nos plans...

Le sentier nous appelle, toujours plus loin, toujours plus haut...

Héééééé, y'en a un qui s'échappe au fond à gauche de l'image!!! Mais il n'est pas de la bande lui. C'est un marcheur solitaire espagnol de retour du château et qui repart vers la civilisation. Ce sera d'ailleurs notre seule rencontre de la journée, à part quelques moutons.

Allez, on continue. Et s'il faut franchir des barres rocheuses, on les franchira!!!

D'ailleurs on aurait tort de s'arrêter. Plus on monte, plus c'est beau...

Et puis c'est simple, il suffit de suivre le guide... particulièrement en forme sous sa casquette vissée bien droite. Comme quoi, tout peut arriver...

Ça se corse un peu parfois, quand le sentier hésite entre crête étroite et devers périlleux.

Ou bien quand une marche un peu haute oblige à mettre les mains et forcer sur les jambes. Accroche-toi Robert! Tu tires et tu pousses, c'est quand même pas compliqué!...

Ho hisse...

Ne vous retournez pas, mais Alpatro et Llombai vous regardent toujours d'en bas... C'est chouette les crêtes quand même. Même s'il faudrait parfois les monter à reculons. Ou avoir des yeux derrière la tête. Aussi impossible l'un que l'autre... On se contentera d'une photo a posteriori...

Calme toi Henri-Claude. Repose tes bâtons... tout va bien se passer...

Ce n'est que la croix de Xarpolar dont la simplicité et l'austère beauté nous invitent à nous recueillir quelques instants... Mais je parie que le recueillement va être de courte durée...

Qu'est-ce que je vous disais? Voilà Saint Rémi, à qui personnellement je ne donnerais pas le bon Dieu sans confession...

... suivi d'Hervé l'hérétique et l'iconoclaste qui se fout littéralement de sa gueule...

Quant à Bernard et Nathalie, ils la prennent pour un banc public... Vous n'oseriez pas aller jusqu'à vous bécoter quand même???

Le reste du groupe lui tourne carrément le dos et papote en cassant une petite croûte. Y'a décidément plus de religion ma bonne dame...

Et pourtant quand on voit des paysages comme celui-là, on se dit que Dieu existe forcément... Enfin... Peut-être... En tous cas, chapeau à ceux (maures? majorquins?) qui ont sculpté autrefois sur ces versants de l'extrême d'incroyables terrasses avec obstination et sans modération.

En parlant de modération, que s'est-il passé pendant ce temps dans la bande à Bernard et Marie??? Eh bien, ils ont marché dans la verdure...

... visité des puits de neige...

... posé pour la postérité sur les chemins qui surplombent Alcalà et que la brume semble avoir épargnés...

... et repris leur marche vers l'horizon...

Tout ça sous le regard étonné d'Al-Azraq qui se demande pourquoi tous ces gens s'obstinent à parcourir le coin à pied alors qu'ils ont des voitures au parking...

Bon, on peut y aller maintenant? Semble dire James. Sur fond de cime de la Xarpolar et au second plan, de silhouette trapue de la Safor. Oui, on va y aller, mais on a un château à visiter d'abord...

Ce tas de rochers tout en bas des marches vertes, c'est lui, c'est le Castell d'Al-Azraq.

C'est parti pour une descente tout schuss. Qui me replongerait presque 48 ans en arrière au dessus du Machu Picchu. Souvenir... souvenir...

Pourtant les incas n'ont rien à voir avec ces ruines, plus anciennes encore, d'un des 2 châteaux qui contrôlaient jusqu'au 13è siècle l'entrée et la sortie de la Vall de la Gallinera. Suivons Blanche et son incroyable panache de cheveux noirs pour les découvrir de plus près.

.En passant par la fontaine d'Al-Azraq...

... où coule miraculeusement et abondamment une eau bien fraîche...

Faut pas vous mettre dans cet état pour un peu d'eau dans un bassin!!! Rien de miraculeux là-dedans, c'est juste qu'il repleut depuis l'automne dernier. Dingue, non????

En y regardant de plus près, on doit cet émerveillement à quelques batraciens en pleins ébats sexuels. C'est promis, dit Henri-Claude, la prochaine fois, on fait une rando au zoo!!!

Mais revenons à nos rouines...

Leur restauration entamée depuis plusieurs années traine en longueur. On pourrait peut-être s'en passer de ces échaffaudages ...

Elles ont tellement de charme à l'état brut. Pourquoi ne pas les laisser dans leur jus ?...

Ou même les repeindre : dans ce coloris vintage, elles déchirent littéralement...

Sinon, vous ne trouvez pas que ça sent de plus en plus fort le mouton par ici??? On a dit le mouton, Robert, pas la chèvre...

Mêêêêêêêê..... Y'A PAS D'MAIS... ROBERT!!!!

Le troupeau est repéré au dessus de la pente qui descend vers le château et qu'il va bien falloir regrimper. Mais ce sont deux brebis avec leur agneau que nous surprenons finalement en arrivant sur la crête.

Pique-nique au sommet de la Xarpolar, sous un soleil que la brume montante est en train de voiler...

La brume? Quelle brume? Vous avez vu de la brume, vous???? Je ne sais pas ce que tu as mis dans ton thé, Anne, mais je t'assure...

... qu'il y a de la brume. Et qu'il faudrait se hâter de redescendre...

Enfin, se hâter lentement car le terrain n'est pas cool. Henri-Claude est crispé. Robert tétanisé...

Jusque là tout va bien, tout le monde est encore debout. Ça ne va pas durer...

Nous marchons sur des oeufs. La pente et ses petits cailloux sournois sont un chef d'oeuvre de traîtrise, une vraie roulette russe. La concentration est à son maximum. Et le suspense insoutenable. Chaque pas est une prise de risque. Les chutes se succèdent, dont une douloureuse pour Daniel qui s'est mal reçu sur l'épaule, semble-t-il. En fait, nous apprendrons le soir que c'est le coude qui a morflé et doublé de volume, envoyant Daniel aux urgences d'Alicante.

Robert et ses adducteurs regrettent amèrement de s'être engagés. Des crampes dans les cuisses, c'est tout ce qu'il y a gagné... Et une belle histoire de l'oncle Bernard en prime... Qui réussit à lui faire gober que les 4 ou 5 kms restant à parcourir cahin caha en font tout au plus 1 ou 2... Voire quelques centaines de mètres...

D'où son air réjoui sur la photo... et le nôtre!!!!

Et surtout pas question de lui laisser jeter un coup d'oeil sur le panneau bleu planté devant devant les ruines de ce village maure...

Il ne doit pas savoir, Robert!!!

Heureusement, tout est bien qui se termine bien... La troupe rentre paisiblement, sans crampes mais dans la brume...

Avant de découvrir avec paisir les splendeurs de la grotte du Rull. Une merveille de la nature dans laquelle il est d'ailleurs absolument interdit de prendre des photos...

Qui a transgressé l'interdit, à votre avis??? Le gars à la casquette blanche, à l'oeil rebelle et aux cuisses en compote, bien sûr...

Et Daniel n'a rien de cassé. Salud y fuerza al canut, Daniel!!!

Nous aussi, on boit à ta santé Daniel!!! Et à celle de tous ceux qui n'ont pas la chance de passer la soirée avec nous à la Font d'Alcalá.

Où nous avons mollement tenté de démarrer ce blog...

... avant de lâcher l'affaire, on se demande bien pourquoi..

Enfin, si... On sait!!! La faute au chupito et aux discours...

Au lit tout le monde!!! Nous avons quand même marché presque 5h30 et avalé 470 mètres de dénivelé et presque 11 kilomètres (sauf Robert qui a eu une réduc), ce qui, en ajoutant les 9 kilomètres y pico et 270 m de dénivelé des randonneurs modérés commence à faire pas mal. Et demain, on recommence en plus rude (sans Robert, bien décidé à modérer ses ardeurs, et qui ne sait même pas s'il pourra encore mettre un pied devant l'autre).

À suivre !