Vendredi 13 octobre (ou plutôt viernes 13 de octubre, pour conjurer tout risque de mauvais sort, car ceux qui lisent ce blog savent déjà qu'en Espagne, c'est le martes/mardi 13 qu'il faut craindre...), nous répondons avec plaisir et sans hésitation à l'invitation de Didier, qui souhaite faire découvrir le massif de la Bernia à un ami belge de passage chez lui, Jacky, et nous propose de partager la rando. Philippe G. sera aussi du nombre. Nous sommes ravis car cela fait plus de 2 ans que nous ne sommes pas remontés sur ce massif incontournable de la région.
Et voilà 2 belges et 3 français matinaux partis d'un bon pas sur la route de Bernia tra la la la la, sur la route de Bernia, tra la la la la la....
La brume elle aussi s'est levée de bonne heure et nimbe le paysage d'un halo laiteux. Tout au fond, le Cabo de Oro de Moraira semble plonger dans une mer un peu absente et à moitié effacée.
Mais au dessus de nos têtes, le ciel éclate d'un bleu parfaitement pur et la piste nous offre un premier kilomètre de mise en jambe tellement agréable que ça donnerait presque envie de jouer les majorettes...
La Font de Bernia marque le début des choses sérieuses.
Pour certaines familles du coin, c'est la fontaine miraculeuse à laquelle ils viennent remplir bidons et maxi bouteilles.
Pour les randonneurs, c'est le démarrage de la montée.
C'est partiiiiii Philippe! Il n'y a que la première marche qui coûte...
... et Jacky, la montée c'est dans l'autre sens...
A l'assaut!!!
Bernia est un des principaux spots de la région et attire beaucoup de randonneurs. Et nous sommes en plein milieu d'un pont puisqu'hier, c'était jeudi 12 octobre, fête nationale espagnole. Nous avons encore l'illusion d'être seuls pour l'instant, mais cela ne va pas durer...
Devant nous, personne...
Mais derrière nous, encore loin et hors de la photo pour l'instant, nous distinguons un premier puis un deuxième groupe de randonneurs, tous accompagnés de chiens.
Le tunnel qui va nous permettre de traverser le massif n'est plus très loin mais nos poursuivants nous rattraperont et nous dépasseront avant, profitant de nos hésitations sur la route à prendre dans un chaos rocheux. En même temps, on n'est pas là pour faire la course! Mais nous sommes tellement habitués à marcher sans concurrence que lorsqu'il faut partager la montagne, nous avons du mal. Rien de tel qu'un circuit aussi fréquenté que la Bernia pour nous soigner....
Tiens, justement, voilà l'entrée du tunnel. Nous en avons fini avec ce versant et le plus gros de la montée (c'est Jacky qui est content...).
Enfin... pas tout à fait! Il faut encore sortir du tunnel et après les efforts de la montée, faire endurer une traversée très à l'étroit et inconfortable à son dos et à ses cuisses...
Didier nous a raconté que, lors d'une précédente virée sur la Bernia, notre ami Robert (une des nombreuses stars de nos randonnées qui se reconnaîtra), est resté bloqué en position foetale (ou presque) dans le tunnel, jurant et pestant sans savoir comment avancer, et bloquant lui même d'autres randonneurs en voie de claustrophobie galopante. Didier s'est finalement résolu à demander "Y a-t-il un médecin dans la salle?" pour ajouter juste après "C'est le jour de naissance de Robert... et c'est un garçon!" ce qui a déclenché la sortie immédiate et sans forceps du bébé, vexé...
Et bien, voici la naissance du bébé Jacky, dont le rictus en dit long sur la décontraction...
... suivie de celle de Philippe, concentré et prêt à bondir...
... celle de Didier, comme un poisson dans son tunnel, sorti lui-même quelques minutes avant pour immortaliser le venue au versant sud-ouest de Jacky et Philippe.
Et c'est Henri, grand prématuré de la grotte qui a pris les devants pour nous photographier, Didier et moi...
C'est vrai que ça fait plaisir de voir le bout du tunnel!
On s'en doutait, nous ne sommes pas seuls. Espagnols, hollandais, allemands, français, jeunes, moins jeunes, franchement vieux, les groupes se bousculent à la sortie.
Mais bizarrement, tout ce petit monde va se répartir harmonieusement sur le reste du parcours, question de différences de rythmes sans doute... Si vous regardez attentivement cette photo, vous pouvez voir 6 personnes à la queue leu leu, que nous dépasserons, avant qu'ils ne nous redépassent, etc... etc...
Il n'y a que les chiens qui déclenchent quelques embouteillages et confrontations canines inter-groupes en se reniflant sans complexe à la moindre occasion...
En passant de la face nord-est à la face sud-ouest de la Bernia, nous découvrons d'abord Benidorm et la Sierra Gelada émergeant (à peine) de la brume...
... mais aussi face à nous, quatre des principaux sommets de la région, en commençant par le numéro 1, l'Aïtana tout à fait à droite de la photo, puis tout à fait à gauche le numéro 2, le Puig Campana, encerclant 2 autres pointures, j'ai nommé de droite à gauche, le Penyó Cabal et le Ponoig.
De ce côté, le sentier se poursuit sans trop de difficultés, entre pierriers domptant la pente qui serait parfois trop raide sans eux...
... chemins bien marqués, à flanc mais pas trop, de versant...
... et chaos rocheux qui imposent quelques grimpettes nécessaires pour les franchir, n'en déplaise à Jacky, qui préfère franchement les descentes et les plats...
On n'est pas aux pièces, les amis, ce n'est pas une course mais une rando plaisir... Quelques pauses s'imposent, pour des photos à deux...
... à trois, surpris en plein effort (ou presque) como si nada...
... à cinq (il faut bien profiter des randonneurs qui passent par là...)
... seul mais en majesté (et même en parfait accord chromatique avec le paysage, ce qui est un minimum pour un grand photographe !!!)
... ou devant ses montagnes préférées, dont il a déjà grimpé quelques unes, ce qui est un minimum pour un grand guide...
... en couple et en contre-plongée (parce que, bon, quel beau couple quand même...)
... ou enfin, en duo avec un cairn lunaire trop mignon...
Seule petite fausse note à déplorer dans ce parcours parfait, nous quittons tous les deux le sentier principal pour une voie en surplomb également balisée, mais qui se révèle sans autre issue qu'un pierrier bâtard entre éboulis non maîtrisé et gravillons sournois
... dans laquelle je termine, lamentablement et toute honte bue, sur les fesses en version toboggan, au milieu des cailloux et des ronces...
Ouf! On ne m'y reprendra plus... (et au fait, Didier, en éclaircissant le contre-jour de ma photo, tu n'aurais pas repeint mon tee-shirt en bleu????)
Nous voilà arrivés aux ruines du fort arabe de Bernia
Nous n'allons pas tarder à basculer à nouveau sur le versant nord-est du massif. Il est déjà midi et nous croisons de plus en plus de marcheurs qui font le circuit dans l'autre sens. À moins qu'ils ne s'arrêtent au fort. Sinon, ils vont avoir chaud!!!
Mais ceci.... ne nous..... regarde pas!!! Nous, nous amorçons la descente et nous en prenons une fois de plus plein les mirettes. On a beau avoir fait ce parcours plusieurs fois, on ne s'en lasse pas...
Tiens, voilà le village de Tárbena au fond et son superbe terrain de jeux pour randonneurs, dont Jurassic Park et ses reliefs spectaculaires...
En route vers le bas et le plancher des vaches. Façon de parler car on n'en voit pas la queue d'une dans notre région, et d'ailleurs, nous sommes garés à environ 600 mètres d'altitude...
Adieu la Reichardie de Tanger, qui fleurit sur les pentes et les sentiers caillouteux
Allons retrouver des beautés plus champêtres, la pâquerette d'automne par exemple ...
... et nous attabler au Refugio, le rendez-vous, rustique à défaut d'être vraiment gastronomique, des randonneurs de la Bernia, au terme d'une marche de 4 heures pétantes (sans se presser), 300 mètres de dénivelé et 9 kilomètres.
C'est tout pour aujourd'hui... La sauterelle et moi vous saluons bien bas.
A suivre...
On vous suit avec plaisir faute de pouvoir vous accompagner pour une une prochaine 🤩😍
Adorable reportage