Samedi 13 avril, une journée insolite pour une sortie de LAFMA sur une Bernia insolite... Nos guides, Juan et Georges, seront en Andalousie la semaine prochaine et, pour nous consoler de leur absence, nous proposent de monter à l'assaut des arches du massif de Bernia. Nous qui pensions que la Bernia n'avait plus de secrets pour nous... Nous l'avions parcourue de gauche à droite et de droite à gauche de Pinos à Pinos, de bas en haut et de haut en bas, en passant par son tunnel et son fort, et même par sa cime lors d'une expédition mémorable juste avant Noël. Eh bien non... La boucle qui part d'Altea Hills nous offre une perspective inédite de la partie Est du massif, qu'elle aborde par le versant Sud avant de longer la face Nord jusqu'au tunnel et de redescendre au pied de la falaise. En fait, nous ne connaissions que l'Ouest de la Bernia. Et à l'Est, tout est nouveau!!!!!!!
Voilà notre petit groupe au complet : Rémi, Jörg, Marina, Nelly, Hervé A., Bibi, Hervé D., Jean-Jack, Georges, Juan-Lukito et Juan, photographiés par Enrique-Claudio. 12 explorateurs, dont certains déjà initiés et tous prêts pour cette nouvelle aventure...
... et surtout heureux d'être enfin réunis. Car à peine une demi-heure plus tôt, le groupe a explosé! La moitié des participants, les inconscients, s'est engagée derrière Juan sur un chemin de l'extrême. Tandis que l'autre est partie sagement avec Georges sur le sentier officiel. Ça, c'est nous, les prudents, en train d'attendre le reste de la troupe...
Remarquez... On a de quoi s'occuper pour tuer le temps. Admirer la vue mer, où le massif de la Gelada nous nargue avec sa visibilité parfaite (rien à voir avec la purée de pois qu'il nous a réservée lors de notre dernière visite!) ...
et réviser notre géographie côté vue montagne : l'incontournable Puig Campana à gauche et, au milieu, le Ponoig avec sa silhouette de lion toujours pas réveillé depuis notre ascension de la semaine dernière...
Quand on en a assez d'attendre, on va faire semblant sur la chaîne qu'emprunteront les autres pour nous rejoindre, après leur improbable démarrage en côte... Enfin... si on les revoit un jour!!!!!
Ah ben, les voilà enfin... Juan en tête, fier de lui en plus!!!! Quel cabot! Ou plutôt, quel cabut ! (ce qui, en valencian, signifie "mille-fois-plus-têtu-qu'un-breton")
J'en connais qui sont contents d'être là... Il paraît que ça a été chaud et qu'on a même frôlé le brûlant!!!! Mais nous n'en saurons pas plus... et vous non plus. Secret défense sans doute!!!
Nous pouvons enfin démarrer notre montée vers le massif. Nous sommes encore tout près du point vert et ça va grimper un certain temps avant de rejoindre le col près de l'extrémité est de la montagne.
Ce circuit dessiné sur fond de carte satellite n'est qu'une pauvre réalité diminuée... En vrai, le parcours nous réserve des vues tout simplement magnifiques...
De temps en temps, une petite traversée forestière nous dispense quelques instants d'ombre fraîche et de terrain moelleux, des petits bonheurs dans ce monde de brute où le soleil tape déjà dur sur les cailloux de la piste...
Comme un bonheur n'arrive jamais seul, voici la table ouverte à tous les vents (et aux randonneurs de passage), d'une charmante petite maison désertée à cette saison. Et les bulles d'un cava encore frais que Marina, abracadabra, sort de son sac comme par magie. En quel honneur??? Pour l'anniversaire de Didier bien sûr... Pas grave qu'il ne soit pas là, puisque, de toutes façons, c'est tous les jours son anniversaire... Enfin, c'est quand même dommage pour lui. Et la vue est si belle sur cette terrasse improvisée!!!
Bon anniversaire Didier!!!!
N'oublions pas tout de même que l'expédition ne fait que commencer... Et reprenons notre montée bien au-dessus de là où nous l'avions laissée.
Sans oublier de s'arrêter de temps en temps pour savourer pleinement les beautés du paysage qui nous entoure, en d'autres termes pour s'en mettre plein les mirettes sans se prendre les pieds dans le tapis de cailloux. Il faut dire que ce sentier est une telle splendeur que je me surprends pour une fois à me laisser emporter par le tourbillon de l'émerveillement. On se calme Catherine! Et on avance, messieurs... C'est le col qu'il faut viser...
Nous y sommes... et le panorama s'élargit, avec, tout au fond le Montgó, encadré au premier plan à gauche par la Solana et à droite par le plateau d'Olta, et le Peñon d'Ifach, qui semble tout petit dans la mer. Quelque chose me dit que nous n'avons pas fini de kiffer!!!
Nous foulons l'extrémité Est de la Bernia, son côté mer. Pour beaucoup d'entre nous, c'est une première! Quelle émotion!!!...
Toujours partant pour gambader aux confins des reliefs, Hervé D. part affronter l'inconnu toujours plus loin vers l'est... (presque aussi aventureux que de prendre un billet pour le terminus du RER E. C'est dire...)
L'ivresse des sommets nous gagne. Tandis que Juan tente d'exorciser une nymphe rousse des montagnes déchaînée...
...Rémi, bras en croix, invoque la terre, le vent et la mer, que se yo? Rectification apportée par l'intéressé lui-même, Rémi en position de cormoran, "fait sécher les rillettes" (quel poète, ce Rémi!!!).
Assez traîné... La suite nous attend...
... cap à l'ouest!!!! Au bout de ce sentier...
Au bout du sentier???? Ce serait trop simple. C'est un sentier facétieux. Il s'échappe, on le retrouve, il se reperd...
Il faut parfois descendre bien bas pour le suivre...
Et remonter parfois trop haut pour le retrouver... Redescend Juan!!! Ce n'est pas par là...
Tu vas bientôt pouvoir monter tout ton saoul. Voici les arches! Il va falloir les mériter, comme ces 2 silhouettes que l'on devine déjà dans l'anfractuosité.
Car les arches dominent un mélange de pierres et de terre tellement pentu et tellement labouré qu'aucun véritable sentier n'y survit bien longtemps et que chacun doit tant bien que mal tracer son chemin dans la pente.
Avant d'arriver enfin au pied de la première forada...
... et de saisir la corde à noeud pour se hisser en rappel à l'intérieur de la grotte et l'explorer. Ce que feront 10 courageux d'entre nous. Mais n'insistez pas Stanislas (comme dit la chanson), ni Marina ni moi n'irons. La première parce qu'elle est, à sa grande surprise, tétanisée par une peur soudaine de la pente et la pensée obsédante qu'elle n'arrivera jamais à redescendre ce qu'elle vient de monter, qui la conduisent à se recroqueviller sur une toute petite plate-forme rocheuse, seul micro espace de stabilité à plusieurs centaines de mètres à la ronde. Et la seconde, toute aussi recroquevillée à côté, sans la peur de ne pas pouvoir redescendre mais avec la conscience très nette qu'elle a atteint les limites de son vertige, qu'elle n'a de toutes façons jamais su monter à la corde à noeud et que ce n'est pas à son âge, enfin... au mien, que ça va changer.
Bravo les gars! Et bravo Nelly! Vous nous raconterez...
Ah ben, ça monte toujours à l'intérieur... Décidément, ni Marina ni moi n'aurions aimé...
... sans parler de la galère de redescendre sans trébucher et sans trembler jusqu'à la corde à noeuds! Juan-Lukito, tu m'as l'air un peu détendu pour un gars qui prétend être sujet au vertige. À d'autres......
And now, ladies and gentlemen, TOUT LE MONDE DESCEND!!!!!!!!!!!!! Chacun pour soi et à son rythme évidemment. 100 mètres en 30 mn, ça fait quoi ça???? Un bon 0,2 kmh???.... Sans parler des chutes, car la peur et la prudence n'évitent ni le danger ni les glissades en tous genres! Les 3 espagnols septuagénaires qui nous avaient précédé sous les arches et qui venaient là pour la première fois nous ont un peu mis la honte en redescendant beaucoup plus vite que nous et sans trébucher. Hombre!!!!! Et ils ont même donné un coup de pouce à Marina qui a surmonté sa phobie de la pente et n'est même pas tombée. Bravo Marinochka!!!
Quelle aventure!!! Le plus dur est derrière nous. Il ne nous reste plus maintenant qu'à continuer notre traversée à flanc de versant jusqu'au fameux tunnel qui nous permettra de basculer à nouveau au sud du massif. Ça cogne et un peu de fraîcheur souterraine ne nous fera pas de mal.
Tout le monde est là? À mon commandement, sac à dos sur le ventre, genoux fléchis, lunettes de soleil dans les poches. C'est partiiiiiiii...
Il n'en finit pas de nous casser le dos ce tunnel... Pas question de se mettre à genoux, les cailloux sont impitoyables. Et pas question de se relever avant l'arrivée, le plafond est bas et ne lâche rien. Dur pour tout le monde et surtout pour les grands. Mais bien pratique pour traverser la montagne à l'économie...
Ouf, ça y est! Et le compte est bon, nous n'avons perdu personne! Il me semble même que nous avons gagné quelques jeunes randonneuses en petite tenue...
La jeune randonneuse en petite tenue est statistiquement très représentée à la sortie du tunnel de Bernia. Et j'en connais qui ne seraient pas contre une photo (de groupe ou pas) avec elles.
Les nôtres (de photos de groupe) sont moins moulantes, même s'il faut leur reconnaître une certaine créativité stylistique.
Allez, on s'en fait encore une, les photos de groupe, nous, on adore ça, et puis ça permet de se recompter une dernière fois. Douze. Le compte est bon. Sauf qu'Henri-Claude est derrière son IPhone et qu'il y a donc un intrus sur l'image. Saurez-vous le démasquer?
Encore quelques minutes sur la crête, le temps pour tout le monde de pique-niquer et pour Henri-Claude de draguer gentiment une jeune randonneuse en petite tenue en passant par une interaction avec son chien. On fait ce qu'on peut....
Rémi, même si ce pupitre est tentant, ce n'est ni le lieu ni le moment pour un discours politico-liturgique.
Ou alors, quelque chose comme : "Ici et maintenant, je vous le dis, il est temps de descendre de la montagne, les amis! Et n'oubliez pas de voter pour moi..."
Ce sentier adossé à la falaise nous tend les bras et n'attend que nous...
Il est quatorze heures, l'heure de la sieste. L'heure où même les guides les plus endurcis peuvent se laisser tenter par un dernier coin d'ombre et un rocher enveloppant à défaut d'être moelleux...
L'heure où même les godasses les plus fidèles, les plus suisses et les plus résistantes peuvent se lasser de la caillasse brûlante et agressive, avoir un petit coup de mou et se laisser aller à bailler...
L'heure où même les falaises et les formations géologiques les plus spectaculaires ne suffisent plus à nous faire baver d'admiration et à nous retenir plus longtemps dans la descente...
Bref, celle du retour à la civilisation et de la fin de notre randonnée... après 10 km, 650 mètres de dénivelé et 6 heures intenses et magnifiques. On dit toujours que la dernière est la plus belle. Pour une fois, c'est vrai! Enfin... Jusqu'à la prochaine!
Un saludo viril de parte de Juan!
Bonne fin de week-end. Et à suivre!!!
Bravo pour tout : vos exploits à tous, les vues sublimes prises par Henri et ton récit truculent... qui donnent envie d'aller y faire un tour 😉