Mercredi 29 mars, la journée promet à nouveau d'être belle. Tout aussi belle que notre nouvelle expédition de reconnaissance au départ d'Agres, charmante petite ville dominée par un impressionnant monastère qui n'aurait pas déparé dans Le nom de la rose.
Jugez-en plutôt... Vous les voyez, ces moines ravagés et leurs procès en sorcellerie?... (perso, je verrais plutôt Sean Connery...)
D'ailleurs, c'est bien pour un voyage dans le temps et une randonnée dans le passé que nous partons aujourd'hui, un passé pas si lointain, plutôt 17ème et 18ème siècles, lorsqu'il y avait encore des saisons et que fleurissait dans la région le commerce de la neige et du froid. A l'époque où se construisaient et fonctionnaient ce qu'on appelle ici les neveros (ou cavas), c'est à dire les puits de neige.
Il y en avait plus de 300 actifs dans la région d'Alicante, aujourd'hui en ruines et pour certains en partie restaurés, mais quel que soit leur état de conservation, toujours aussi impressionnants et presque émouvants ...
Notre circuit d'aujourd'hui dans le parc naturel de la Sierra de Mariola enfile 6 de ces puits dans une boucle aussi variée que passionnante.
Mais d'abord, il faut grimper les amis...
Attention! Pas n'importe comment et pas n'importe où... Nous sommes dans un parc naturel tout de même!!!
Il ne s'agirait pas de changer les vieux sentiers par de nouveau sentiers...
... ou de ne pas suivre les chemins de ceux qui sont passés avant nous !
Pas de problèmes pour les vieux randonneurs que nous sommes, même les plus rebelles d'entre nous!!!
Bien contents d'arriver en haut après plus d'une heure d'une montée qui n'abuse vraiment pas des plats... Vive les maillots jaunes!!!!
Mais que voici que voilà? Le premier puits, la cava de l'Habitació en valencian dans le texte...
... comme le précise sa carte d'identité avec ses mensurations (7 mètres de diamètre et 10 mètres de profondeur) et son altitude (1230 mètres)
Et si vous le trouvez petit, ne vous y fiez pas. Mieux vaut ne pas tomber dedans! Vous connaissez l'histoire de la partie immergée de l'iceberg?... C'est pareil... Et je ne dis pas ça parce que c'est un puits de neige!!!
Un peu plus loin, la Cava Gran (ou Cava Arquejada) nous attend.
C'est l'une des constructions les plus belles et les plus restaurées de la zone. Nous l'avions déjà aperçue de loin, le 21 janvier dernier, depuis la cime du Montcabrer, troisième sommet de la région, que vous pouvez voir en arrière-plan à droite des arches.
Elle date des 17ème et 18ème siècles et ses arches sont une vraie merveille. Cerise sur le gâteau, on peut y descendre, non pas par des cordes mais par un vrai escalier...
... et admirer d'en bas son architecture incroyable et l'if commun (tejo) qui y a élu domicile (ou plus certainement, y a été planté)
Le puits du vautour (la cava del buitre) est le suivant dans la boucle. Difficile de suivre ceux qui volent au dessus de nous (les vautours, pas les puits...). Plus prudent et surtout plus efficace de se fier au panneau. ..
... d'emprunter un sentier qui chemine tranquillement entre quelques Adonis de printemps qui se la pètent un peu (como si nada)...
...le long de ces petites falaises naturelles qui ont presque l'air d'avoir été construites par l'homme.
Le sentier nous conduit d'abord au Clot de la Vila, un petit puits un peu effondré, qui, au meilleur de sa forme, atteignait 8 mètres de diamètre et 3 mètres de profondeur.
Hola todos!!!! Vous nous voyez???
Et voici la Cava del Buitre, sans vautour mais entourée de sapins.
Ne saute pas Henri! C'est profond... 7 mètres tout de même...
Ouf! Henri n'a pas sauté!!!
Nous pénétrons dans les sous-bois où Peto croit avoir fugitivement aperçu quelques arruis effarouchés tout à l'heure...
Mais nous ne croisons que des pommes de pin aussi géantes que les arbres dont elles sont tombées...
...et un nouveau puits abandonné au détour du chemin, la Cava de Joan Despuig, profond lui aussi de 7 mètres. Il faut vraiment regarder où on met les pieds dans le coin...
La randonnée se poursuit tranquillement de crête en sous-bois et de sous-bois en crête, à plat et en descente progressive... A notre droite, un panorama à perte de vue de campagnes sagement et industrieusement cultivées et tout au fond la mer...
A notre gauche, un cairn nous fait de l'oeil...
et nous offre, en prime d'un joli panorama sur la chaîne de la Mariola, un véritable champ d'asphodèles plantées entre pierres et rochers.
Il paraît d'ailleurs que cette Mariola, où fleurissent les sentiers botaniques, est une réserve naturelle et abondante de plantes médicinales. Avis aux amateurs éclairés!!!
Mais voilà que surgit la dernière nevera de notre parcours, une des plus impressionnantes incontestablement. La Cava de Don Miguel, profonde de 11 mètres et large d'un diamètre de 14,5 mètres. Le début de sa construction remonterait à la première moitié du 17ème siècle mais elle semble avoir été utilisée jusqu'au milieu du 20 ème siècle...
Une vraie forteresse de neige, où hommes et mules devaient certainement loger, avec ce qui ressemble à des antichambres, des cuisines peut-être et des espaces pour les animaux de bât.
En faire le tour prend du temps...
Ceci n'est pas une mise en abime d'un photographe en train de d'être photographié quand il photographie...
Ceci est une leçon de photo ou comment gérer le clair et l'obscur pour mettre en valeur ce qui doit l'être...
Pendant ce temps là, la vie des bêtes continue... et comme dit Henri (et la fable), deux punaises s'aimaient d'amour vert tendre...
Les six puits sont désormais derrière nous mais nous reviendrons car la balade mérite le détour et le retour, avec ses 12 kilomètres et ses 570 mètres de dénivelé, essentiellement concentrés au démarrage, réalisés en 5 heures 30. Nous la programmerons avec pique-nique dans le courant du printemps.
En tous cas, c'est notre voeu le plus cher... Amen!
A suivre pour de prochaines nouvelles aventures...
Merci Catherine denous faire vivre toutes ces belles et impressionnantes promenades. Quel plaisir de te lire je me suis régaler
Vivement les prochaines
A bientôt Beatrice B..
Que c'est beau... merciiiii Catherine 🥰😘😘😘
Super intéressant de pénètrer un peu ces derniers siècles et la vie bien différentes de notre trop-plein de luxe et d'isolement... Merci !
Je viens de refaire cette magnifique randonnée grâce à ton magnifique reportage. 😘😘