Mercredi 11 octobre, un bon jour pour randonner, non? D'ailleurs, si on tend bien l'oreille, on entend les sentiers qui nous appellent... "C'est un bon jour, Enrique, pour reconnaître une future rando facile de l'UFTM" qu'ils disent les sentiers. Reste à choisir le lieu et le circuit... Pourquoi pas Sella, entre Aïtana et Puig Campana? En nous inspirant d'une destination explorée il y a peu par Baudouin, roi des Belges et prince des "Randos et balades autour de Moraira", et en choisissant un circuit récent de l'Homme en sandales, une sorte de Hollandais Volant de Wikiloc.
Merci Baudouin et dankjewel Flying Dutchman!!! Grâce à vous, nous allons nous régaler... Et ça commence dès la route d'approche, avec le Puig Campana, de dos...
... et le village de Sella qui nous accueille sans façon et sans plus de manière...
Après la grimpette sur bitume un peu ardue du début, la nature reprend ses droits avec un chemin caillouteux qui descend sans trop de difficulté... La lumière bleue du matin et un silence incroyablement paisible nous enveloppent, alors que tout au fond en face, le Puig Campana nous sourit en exhibant sa dent creuse.
Autour de nous, la bruyère fleurie règne en maître... avec le caroubier, fleuri lui aussi, hélas, qui nous entête de son odeur douçâtre. En octobre, la campagne et la petite montagne sentent l'algarrobo, et ce n'est pas un cadeau!!! Si vous devez vous enrhumer, je vous conseille octobre, c'est le meilleur moment de l'année pour avoir le nez bouché!!!
Heureusement, lorsqu'elles abondent, les fleurs de salsepareille finissent par neutraliser les effluves du caroubier en les noyant dans une ambiance odorante plus mielleuse et un peu moins écoeurante.
Attention, il faut tourner à gauche...
A gauche, on vous a dit!!! Ici, c'est tout l'un ou tout l'autre... Parfois, le balisage brille par son absence, parfois, il est à fond!!!! Et aujourd'hui, pas moyen de se perdre, même en étant très distrait...
Juste avant de rejoindre le fond de la vallée et sa Font de l'Alcàntara...
...le chemin passe par une maison enchantée, blottie derrière un sapin déjà décoré pour Noël avec ses guirlandes de renouée grimpante, et une improbable et vaillante armée de cactus, ou plus précisément d'oponces cylindriques...
un vrai décor de film...
... où je m'amuse à jouer les figurantes!
Mais on n'est pas là pour faire du cinéma... En route pour la suite du circuit! En empruntant le pont de la Alcàntera, et son ancienne voie du bétail, par laquelle les troupeaux descendaient de la montagne vers la côte.
Nous n'allons pas rester longtemps sur le bitume Henri et tu n'es pas une chèvre... Pas la peine de grimper aux murs pour t'échapper.
Et on a dit, pas de cinéma!!!! Tu l'as monté ce drôle d'escalier , maintenant redescend-le!!!!!
Il n'y a plus de troupeaux dans le coin aujourd'hui. Mais ça ne veut pas dire que nous sommes seuls. Nous partageons le bitume avec cette Chrysomèle de Banks dont l'armure brille au soleil...
... cette chenille de la Noctuelle de la patience (et il faut en avoir si on est bloqués derrière...)
... et ce magnifique et peu farouche papillon Machaon qui se laisse gracieusement photographier alors qu'il butine sans complexe des inules visqueuses...
Il y a aussi ce groupe d'une dizaine de randonneurs espagnols mâles, que nous suivons, dépassons, retrouvons à plusieurs reprises avant de les perdre définitivement dans une mini jungle de cannes et de roseaux. Mais ceci est une autre histoire...
En attendant, revoilà Sella, toujours aussi photogénique, de l'autre côté de la vallée cette fois.
Autre spot de ce circuit qui n'en finit pas de nous enchanter, cet ancien moulin surplombé par une retenue d'eau d'une jolie couleur de jade. Ses habitants ne semblent pas enchantés, eux, par la fréquentation assidue des marcheurs de la "route de l'eau" comme s'appelle le chemin qui longe leur propriété...
Au vu des panneaux qui encadrent de part et d'autre leur portail d'entrée, on les sent un peu vénères... et pas très hospitaliers...
"Le sentier, c'est à gauche" "SANS ISSUE CECI N'EST PAS LA ROUTE DE L'EAU"
Vous le sentez l'agacement, là???? Pas intérêt de se tromper de chemin...
Allez, ne nous fâchons pas! Gardez votre moulin... Nous on préfère la nature, elle est à tout le monde...
Même si ce barrage arrondi n'est à personne pour le moment. Mais pas question d'interdire à l'eau de s'y réfugier s'il lui en prend l'envie...
ou si de fortes pluies faisaient subitement gonfler cette petite chute...
Pas question non plus de nous interdire de cueillir ces magnifiques figues. Les branches de l'arbre pendent au dessus de la route. Mmmmh! quel délice!!!!!!
Notre chemin et celui des randonneurs espagnols se sont séparés juste après le barrage asséché. Nous avons suivi le parcours de notre muse hollandaise et bien nous en a pris. Du haut de notre petite route, nous les entr'apercevons se frayer difficilement un passage au milieu d'un fouillis inextricable de cannes et de roseaux au bord de ce qui doit être une rivière un peu boueuse...
... tandis que, parfaitement au sec, nous retrouvons un peu d'altitude et des paysages, tantôt grandioses...
... tantôt terriblement quotidiens et ras des pâquerettes, comme ce potager cultivé par ce très vieux monsieur plié en deux mais qui trouve le temps de nous répondre sur ses légumes...
Nous croyons alors être sur le point de rejoindre Sella, de l'autre côté de ce pont, le Pont Vell ou Puente Viejo. Mais que nenni!!!! Un escalier nous conduit à nouveau vers le bas... et la dernière partie de cette randonnée décidément pleine de surprises et de magie...
... la Font Major!!!
Que se cache-t-il derrière cet inoffensif chemin???
Pas grand chose sans doute puisque nous commençons par y croiser un groupe de randonneurs du troisième âge (comment ça, comme nous??? non, non, plus vieux, moins équipés et chaussés comme l'as de pique...). "Cuidado, hay tomate!!!" me lance une des dames, toute émoustillée et un peu essoufflée, "??? Tomate????" De ce qui suit, je comprends que ça signifie que "c'est gratiné!!!". Toute contente de m'avoir appris une nouvelle expression, elle poursuit son chemin, non sans avoir dit à Henri que nous allons voir "una maravilla".
La tomate ne tarde pas.... ou plutôt les passages de l'eau, omniprésente, sur des passerelles multiplanches...
... d'autres passerelles plus minimalistes...
... des troncs cachés par des troncs...
des troncs déguisés en passerelles foutraques...
des planches prétendant être des ponts à deux étages...
des pierres ne faisant même pas mine d'être des ponts...
C'est vrai que c'est beau toute cette eau, parfois courante, parfois au calme dans son écrin rocheux...
Il arrive qu'elle disparaisse du paysage pendant quelques instants ...
... mais jamais bien longtemps
... pour le plus grand bonheur des oiseaux que nous entendons chanter à tue-tête sans jamais les voir, et des libellules, rouges ou noires. Ce Caloptéryx méditerranéen, enfin posé, nous fait cadeau de son battement d'ailes en grand deuil.
Au chapitre des ponts en tous genres, la palme de l'insolite revient sans conteste à ce passage protégé constitué de rochers taillés en lévitation entre 2 parois. Une véritable attraction foraine...
Allez! Je me lance...
Et hop! Ça marche!!!! Et c'est drôle en plus...
Ce parcours du combattant de l'eau vers la Font Major, ça l'amuse Henri. Un vrai gosse... Ça l'éclate tellement qu'il en redemande. Arrivé au bout du chemin, il se rend compte qu'il n'a plus ses lunettes de soleil et nous voilà repartis dans l'autre sens...
... jusqu'à ce qu'il les retrouve sur un rocher à côté de ce niveau. Il les y a posées avant de prendre sa photo et les a oubliées. Moi, je le soupçonne de l'avoir fait exprès pour retourner patauger... N'empêche qu'il faudra penser à ne pas revenir quand l'eau montera jusqu'à 95 voire plus...
Si au fond coule une rivière, au bout du bout trône un bassin dont l'eau calme et translucide donne une furieuse envie de se baigner...
Et tant pis pour ce panneau d'interdiction de baignade qui, de toutes façons, est illisible!!!
Mais l'heure n'est plus à la baignade. Voilà bientôt 4 heures que nous marchons et nous arrivons au bout de notre circuit de 9 kilomètres et 240 mètres de dénivelé.
Le dernier kilomètre nous permet de traverser le village, ses survivances d'un passé religieux...
...son église, impossible à photographier de loin, tant elle est encerclée et cernée de près...
... et la terrasse de son bar Paco, collée contre la mairie, à l'heure de pointe de l'apéro...
Tchao Sella!!! Adios Puig Campana (ou ce qu'il en reste derrière sa coiffe de nuages)... On se revoit bientôt. La reconnaissance a été concluante et nous allons pouvoir épingler une nouvelle randonnée au catalogue de l'UFTM!
Rien de tel qu'une bonne paella pour fêter ça. Vous en voulez????
Ouf! Ce blog interminable s'achève enfin... Il m'arrive parfois de rêver de randos sans intérêt et de photos moches pour pouvoir me contenter d'un post bâclé et minuscule. Bon, ben ce sera pour une autre fois...
A suivre donc!!!!
Superbe blog ! Merci Catherine on voit que tu t'es bien amusée et moi aussi en me régalant de cette révision du parcours connu et de ses rallonges inconnues et surprenantes.
Bravo !
Amusant de vous suivre sur un trajet que je connais en partie...