Sur les sentiers de Tormos
- catherineyautier1
- 29 janv.
- 8 min de lecture
Mardi 28 janvier, nous l'avions reconnu avec Michel, Anne et Louis le 12 janvier, programmé pour l'UFTM le 21, et déprogrammé pour cause de météo à risque, voici enfin le tour en 8 heures de la Midgia de Tormos à Tormos, ses 17 kms et ses 800 m de dénivelé, une rando engagée de chez engagé pour bien démarrer l'année. Un peu inquiets tout de même de sa longueur, Henri-Claude et Louis, n'écoutant que leur abnégation et leur inconscience, n'ont pas hésité à explorer hier lundi une voie passant par le haut du massif. Option abandonnée au bout de 6h et 8 km : le raccourci était tellement difficile qu'il rallongeait d'au moins 2 heures la rando... C'est donc le parcours original qui attend ce matin les 13 participants du jour (même pas peur!!!) : Anne et Michel, Cathy et Guy, Pascale et Jean-Marc, Philippe G., Michel P., Marina (sans Hervé, occupé ailleurs), Philippe L., Daniel B., Henri-Claude (sans Louis, qui reste à la maison aujourd'hui) et moi. Toutes et tous sur la ligne de départ dès 8h20, pas très réchauffés, car le ciel est bleu (pour l'instant...) mais le vent, froid et fort, est aussi de la partie !

Mais ce n'est pas seulement pour ça que l'on marche vite dès le départ. Ça ne sent pas franchement bon dans le coin. L'enceinte que nous longeons cache habituellement un gigantesque compost, qui se double aujourd'hui et sans doute depuis plusieurs jours d'un épais tapis d'oranges en décomposition. Ça fouette grave!

C'est la zone décidément par ici. Après le fumier, voilà la décharge. J'y crois pas. On a prévu un parcours low cost, ou bien?

Ben non, voilà un sentier tout propre et tout bien rangé, avec au fond sa majesté le Cavall Verd soi-même...

Sans parler des participants. L'élégance et la classe naturelle en marche, tout en souplesse et en décontraction, et tellement beaux dans la lumière du matin.

Presque aussi beaux que ce Bouddha balinais (???) qui veille sur une maison du bord du chemin déjà protégée par une alarme et des chiens dont les aboiements nous suivent pendant un bon moment. On n'est jamais trop prudents...

Instant magique dans un contre-jour parfaitement maîtrisé. À savourer sans modération...

Car le plus dur est à venir. La marche d'approche s'achève et nous nous apprêtons à quitter le confort du chemin. Cela fait longtemps que nous avons repéré cette rampe au pied de la falaise le long de la piste qui conduit au barrage d'Isbert. En nous disant qu'un jour ou l'autre il faudrait explorer le passage vers l'inconnu qu'il nous promet.

C'est pour aujourd'hui... enfin, mis à part un avant-goût lors de la reconnaissance du 12...

Et hop!!! On est partis pour l'ascension!!! Chacun à sa façon. Il y a ceux qui préfèrent ranger leurs bâtons...

Ceux qui s'y cramponnent coûte que coûte...

Il y a Pascale aussi qui fait... sa Barbie!!!

Et au final, tout ça se résume à un groupe de petites fourmis randonneuses qui montent, qui montent, qui montent...

J'espère que vous avez quand même un peu profité du paysage de cette faille qui cache dans son repli le pantano d'Isbert.

Derniers mètres avant l'arrivée. Vous les sentez, la concentration et l'effort?

Moi, ce sont mes cuisses que je sens et je reprends mes bâtons pour le final. Tu peux passer Michel si tu veux... Mais Michel, lui, c'est son souffle qu'il reprend...

Ça vaut mieux d'ailleurs, parce qu'on n'est pas arrivés une fois sortis de la falaise. La rampe de lancement ne nous a propulsés que vers une nouvelle montée particulièrement ingrate entre broussaille, caillasse et sentier confus. Il ne doit pas passer beaucoup de monde par ici...

Chacun sa route, chacun son chemin, chacun son rythme et son combat contre la pente et la végétation.

Arrivées en tête sur le plateau et le sentier enfin retrouvé, Cathy et Marina poussent un cri et battent en retraite. Elles ont vu un monstre à cornes. Une vachette qui les regardait et s'est sauvée... Vous êtes sûres les filles ?

... que c'était une vache, je veux dire... Ce ne serait pas un taureau plutôt??? Et enlève tes cornes Jean-Marc, on t'a reconnu...

Non, il y a bien un toro et il ne s'appelle pas Jean-Marc!!! Il semble vouloir revenir vers nous en plus!!! Tout le monde aux abris!!!

En fait, il suffisait de libérer le passage...

Le monstre passe sans nous calculer, tranquille et dédaigneux. Et s'éloigne, d'un pas de sénateur, laissant son cheptel derrière lui, bien planqué dans les fourrés.

Le danger n'est pas là, en fait. Vous avez vu la couleur du ciel ???

J'en connais qui ne vont pas tarder à enlever leurs lunettes de soleil et enfiler un KWay!!! D'ailleurs, il pleut! Mais le vent gagne très vite la partie et, après une brève averse, disperse le trop plein de nuages qui ne se font pas prier pour aller arroser ailleurs...

Et maintenant? Après la sortie du taureau, et les menaces célestes, qu'est-ce qui se passe encore???

Trois fois rien, rien de grave en tous cas... Juste un troupeau d'arruis, des mouflons à manchette, qui remontent la pente en face de nous. Et le loup, l'ours et la belette, c'est prévu à quelle heure ???

Pour l'instant, tandis que le soleil ressort, on aperçoit juste les vachettes, planquées dans les pins brûlés, qui rigolent en imaginant ce qui nous attend dans ce capharnaüm végétal...

À moins qu'elle n'observent, incrédules, cette curieuse bête à corne, ni vache, ni rhinocéros, ni même licorne. Remets ta casquette, Henri-Claude, même de travers. On n'y croit pas...

Il faut repartir et prendre d'assaut la colline dévastée par un incendie et totalement obstruée par les arbres tombés ou coupés qui n'ont pas été déblayés.

Bonjour les vêtements blancs... la suie règne en maître. Et pas question de sentier dont les arbres se moquent bien. C'est encore une fois chacun pour soi...

Z'auriez pas une machette????

...ou un marche-pied peut-être???

Ouf! Ça y est! Sauvées!!! Et prêtes à s'envoler dans un vent de plus en plus violent. Enfin, pas toutes... Il y en a une qui s'enrhume et l'autre qui s'enlève une épine dans le pied. Coupez!!!!!!! Le plan est foutu. On va devoir faire une nouvelle prise.

Mais on n'a plus le temps. Il faut grimper en luttant contre les rafales. Pascale, tu fais bien la fille qui râle, mais au fond, avoue-le, tu adores ça!!! D'ailleurs, on est presque arrivés au bout de cette pente... et en bas de la suivante...

Zut! Il en manque 3 !!! Guy, Cathy et Marina étaient plus haut devant et n'ont pas rebroussé chemin quand le groupe a tiré un bord à gauche pour contourner le massif. Nous n'avons pas insisté, persuadés qu'ils nous retrouveraient vite. Mais ils ont dû continuer leur montée vers le sommet de droite... Quand on réussit enfin à les avoir en ligne, ils confirment mais sont incapables de se situer. Pourvu qu'ils ne soient pas passés de l'autre côté. On ne serait pas prêts de les revoir...

Le sifflet et les cris ne servent à rien car les rafales de vent occupent tout l'espace sonore.
Ont-ils finalement utilisé leur Wikiloc comme conseillé par Henri-Claude? En tous cas, ça y est, ils ont rejoint le bas du flanc bien raide que nous venons de monter et sont enfin à portée de vue (ne les cherchez pas sur la photo, ils n'y sont pas encore...).

Nous voilà plantés au dessus du barranc de l'Infern. Il y a pire comme endroit pour attendre. Et on n'a même pas payé nos places.

Mais il était quand même temps que vous arriviez les amis...

On était sur le point de perdre Michel, en plein délire mystique et à deux doigts de s'envoler !!!

La troupe est au complet. On peut continuer jusqu'au petit col...

... et admirer la charmante gorge qui suit, où coule un joli ruisseau.

Un vrai petit coin de paradis...

Il y en a à qui ça donne instantanément des idées. Ho, Adam et Ève, on se calme, il nous reste encore 10 kms à faire!!!


Ici en fait près de cette mare aux grenouilles...

Il faut encore finir la montée, chercher un coin pour pique-niquer en contrebas, car la prairie d'en haut est battue par les vents...

Le trouver...

S'y installer confortablement pour sandwicher ou saladedepâter ou cassecroûter à sa façon...

Confortablement? Vraiment???

Et repartir pour la loooooooooooongue ruta du retour autour de la sierra Midgia. Longue, mais tranquille, en bas. Pas comme celle de nos 2 aventuriers du lundi, qui sont passés tout là-haut...

... ce qui n'était vraiment pas très raisonnable, mais leur a offert des vues ébouriffantes, comme celle-ci...

...ou celle-là !

Hier, les rizières de Pego et Oliva leur paraissaient très loin, alors qu'ils progressaient péniblement sur la crête...

Aujourd'hui, nous faisons les beaux sur un quasi chemin de douanier et la mer est à portée de bâton... Mais pas Tormos. Tormos est encore bien loin...

La vue est belle aussi : maintenant que nous avons enfin contourné le massif, la Segaria et le Montgó sont apparus et le soleil est revenu. Il fait beau sur la mer...

Une photo de groupe pour fêter ça? Et offrir une petite pause à ceux dont les genoux et les cuisses commencent à souffrir en silence... Car les 17 kms, c'est surtout à la fin qu'on les sent passer...

À ce propos, je sais que vous regrettez tous de ne pas avoir fait le détour supplémentaire pour voir la petite maison en ruine avec laquelle Henri-Claude vous a bassinés. Quitte à vous donner encore plus de regrets, la voilà ! C'est cadeau...

Et sinon, il commence à faire chaud dans cette jungle, vous ne trouvez pas???

À chaque fois que je vous vois par deux Cathy et Marina, je m'apprête à sortir mes papiers. On n'a pas idée de s'habiller en gendarmettes non plus...

Trêve de rigolade à présent. Tout le monde serre les dents en attendant d'arriver si possible entier. Il faut dire que le sentier ne nous épargne rien sur les 3 derniers kilomètres. Comme dit Guy, cycliste belge émérite, donc qui s'y connaît, "ce sentier, c'est le Paris-Roubaix du sentier!" Mais alors, un Paris-Roubaix dont on aurait déchaussé tous les pavés pour les rebalancer en vrac sur le chemin, si vous voyez ce que je veux dire...

Voilà enfin Tormos, pensent avec soulagement les optimistes qui n'en peuvent plus de se tordre les chevilles et de risquer la luxation de genou à chaque pas, au prix d'une crispation des cuisses frôlant la tétanie. Et ben non!!!! C'est Sagra... Il faut encore tenir plus d'un kilomètre...

Et alors que Tormos apparaît enfin, telle la Terre promise, le sentier se déglingue encore plus, alternant ravines sans pitié et marches beaucoup trop hautes pour des jambes au bord de la désarticulation...

Un chemin de croix qui s'achève enfin, pratiquement là où commence celui du village, ça ne s'invente pas..

Alleluya!!!! Tout le monde est arrivé entier, plus tout à fait aussi blanc et fringant qu'au départ, mais encore debout et sans rien de cassé.

Nous avons bien marché 8h01 pendant 16,950 kms précisément et grimpé un peu moins de 800 mètres. Respect les amis... Même ce blog n'en finit pas!!! J'ai des courbatures à la souris et les méninges en compote... Promis, la prochaine fois, on fera plus court pour les 2 !!!

Et en attendant, la bière et les oranges pressées coulent à flot. À la vôtre et à suivre...
Chapeau !